Fatima Le Griguer-Atig – Psychologue clinicienne

Femme souriante avec lunettes devant fenêtre.

Fatima Le Griguer-Atig, psychologue clinicienne, partage avec nous ses engagements, ses luttes en tant que femme en faveur des droits de femmes notamment la recherche de solutions pour mieux détecter, prendre en charge et aider les femmes victimes de violence. Fatima nous raconte les origines de son engagement, les obstacles qu’elle a dus affronter, le sens de cet engagement et sa détermination en faveur des droits des femmes. 

La place de la famille et le rôle de son père dans son engagement.

Quatrième enfant d’une fratrie de cinq dont trois frères m’ayant précédé, je suis née d’une famille de culture maghrébine à Trappes en banlieue parisienne.  J’ai dû rapidement m’imposer, je me souviens avoir souvent protesté plus jeune « mais pourquoi je ne suis pas un garçon » mécontente d’être constamment chaperonnée pendant mes déplacements.  

Je voulais m’inscrire au football, j’aimais l’épanouissement par le sport, la nature cela a toujours été le meilleur des ressourcements pour moi. J’ai eu la chance d’avoir un père, parti trop tôt, qui encourageait ma mère à travailler, à s’habiller de façon moderne, à conduire pour avoir sa complète autonomie. Et moi sa fille à étudier à l’école, car il n’avait pas eu cette chance plus jeune. Je percevais la fierté dans la profondeur de ses yeux quand il m’accompagnait en librairie ou à la bibliothèque lorsque je choisissais des livres. 

J’ai toujours œuvré dans une dimension altruiste, transmise par mes parents qui, bien que limités financièrement, m’ont enseigné la générosité et le partage avec celui qui ne dispose que de peu et se retrouve dans la difficulté. A 17 ans, je deviens la secrétaire de l’association « jeunes et cités » à Trappes pour aider des jeunes en difficultés ou en situation de « décrochage scolaire ». 

Un parcours universitaire et professionnel dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes !  

Je décidais naturellement me tourner vers la psychologie car j’ai toujours été à l’écoute des autres. Diplôme en poche, je rencontre le Dr Pécot, psychiatre aux urgences qui me propose un poste aux urgences générales. J’ai beaucoup appris de ce poste, des rencontres professionnelles et des patients, la richesse de la clinique m’a poussée à agir. J’ai donc immédiatement proposé des initiatives et notamment sur la question des femmes victimes de violences qui passaient totalement inaperçues.  

Je décide de constituer un groupe de travail pluridisciplinaire afin de valoriser l’accompagnement des femmes victimes de violences.  

En 2006, nous constituons un parcours spécifique avec un annuaire, des groupes de paroles ainsi qu’un cycle de formation dans le service pour les professionnels pour sortir des préjugés qui concernent les femmes battues (appelées ainsi à mon époque, ou « elles sont masos » « elles sont bêtes » et que sais-je encore). Une étude est réalisée et publiée pour un meilleur dépistage aux urgences. 

De l’importance de la sororité et des rôles modèles !  

Je fais par la suite une rencontre fondamentale dans mon parcours, celle d’une pionnière dans le domaine en Seine Saint Denis. Celle qui a incontestablement a boosté mon énergie autour de ce qui s’inscrira désormais comme une lutte sociétale et le principe de toute ma carrière, Ernestine Ronai De cette rencontre naitra le protocole féminicide porté par la pédopsychiatre Dr Rappaport et mon hôpital. 

Dès 2010, année de grande cause nationale, je propose une journée de sensibilisation à destination des soignants et autres professionnels avec mon binôme le Dr Broisin Doutaz dont Ernestine sera marraine… à ce jour, nous en sommes à la 13ème journée annuelle.  

Dans la même année, je propose la création d’une unité dédiée à la prise en charge du psychotraumatisme. Je rédigele projet avec pour objectif de proposer une permanence policière et juridique en complément des soins innovants individuels et collectifs du psychotraumatisme, toujours en interaction avec les services de l’hôpital car les victimes on les rencontre partout. 

Je propose ce projet à l’ARS qui le rejette à plusieurs reprises au motif que tous les centres médico-psychologiques peuvent recevoir les victimes. Je persévère, pas simple lorsque l’on n’est pas médecin de s’imposer. D’autres structures du département parviennent à émerger grâce au soutien de mécènes, ce qui n’est pas mon cas.  

J’intègre le groupe de travail sur la structuration des futurs centres régionaux du psychotraumatisme en 2016 et en 2019, nous nous imposons avec l’hôpital Avicenne comme l’un des centres nationaux du psychotraumatisme soutenus par l’Agence Régionale de Santé (ARS). Après la rencontre de Martine Dalet et ses encouragements, nous devenons le Centre Régional du Psychotraumatisme Paris Nord.  

Une autre rencontre inspirante, celle d’Isabelle Rome. Lors du grenelle de 2019 autour des violences conjugales, j’intègre son groupe pluridisciplinaire avec une réflexion autour de l’emprise et de la protection des victimes. Je m’active à développer un centre d’hébergement d’urgence, la « maison solidaire » en milieu hospitalier qui devrait voir le jour en 2025.  

Un parcours de lutte pour la formation et la sensibilisation de toutes les parties prenantes aux enjeux des violences faites aux femmes.

J’intègre en 2021 un doctorat afin d’étudier les mécanismes du contrôle coercitif et les impacts en santé avec un partenariat avec différents centres (Maison des femmes de Saint Denis, Woman Safe, CRP aquitaine et les UMJ Jean Verdier). L’objectif principal est de mettre en place un outil de dépistage du contrôle coercitif afin d’améliorer les prises en charge, mieux protéger les victimes et éviter les dégradations sur la santé.  

Le Diplôme Universitaire « violences intrafamiliales » qui formera les professionnels dont je suis co-directrice avec un ami Gilbert Coyer a démarré depuis janvier 2024 et j’espère qu’il attirera de nombreux candidats.  

Cela représente également une grande fierté et un aboutissement pour moi. Je fais partie du groupe de travail “femmes victimes de violences” avec une autre pionnière Françoise Brié à la Commission Nationale des Violences Intrafamiliales (CNVIF) fondée par le Dr Marie Pierre Glaviano Ceccaldi, personne ressource pour moi et un grand soutien. 

Selon moi, le parcours de la femme au 21ème siècle est un parcours de lutte constante aux côtés d’autres femmes, de tous milieux dans un esprit de justice, de loyauté, de persévérance et de bienveillance…des valeurs fondamentales qui ne me quitteront jamais galvanisées par la fierté d’être une femme. 

  À propos de Fatima Le Griguer-Atig : 

Fatima Le Griguer-Atig est une psychologue clinicienne depuis 2005. Elle est responsable coordinatrice de l’Unité Spécialisée dans l’Accompagnement du Psycho traumatisme (USAP) depuis 2016 et aussi coordinatrice du Centre Régional Paris Nord site Aulnay sous-bois (CRPPN) 

Depuis 2021, elle est doctorante LAPPS à Paris X Nanterre sur le sujet « Repérage des mécanismes de contrôle coercitif : effets sur la santé physique et mentale » sous la direction du Pr Boudoukha. 

Elle a été membre du groupe justice lors du grenelle des violences faites aux femmes et membre de la commission des violences faites aux femmes au sein de la Commission Nationale des Violences Intrafamiliales (CNVIF). Elle est la présidente de l’association Aid’elles qui œuvre pour proposer des activités innovantes au sein de l’USAP et aider les femmes victimes de violences.

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