80 ans de conquête pour l’égalité devant l’exercice des responsabilités publiques
Dominique Estrosi-Sassone, sénatrice des Alpes-Maritimes, fait une rétrospective sur la présence des femmes en politique et face aux responsabilités publiques. Mme La sénatrice célèbre la détermination de pionnières, la résilience face aux discriminations et surtout l’engagement de la majorité silencieuse des femmes à participer et à bâtir la Nation. Elle appelle la jeune génération à prendre le relais.
Cette année marque un double anniversaire pour toutes les femmes engagées dans la vie civique. Au-delà des étiquettes ou des idées qui peuvent les séparer, elles se retrouvent sur un essentiel hélas longtemps dénié : le droit de toutes à participer à la vie collective et au devenir de leur Nation. Cet anniversaire doit être commémoré pour que l’engagement précurseur des femmes libres et modernes soit connu et surtout perpétué.
Un long chemin vers la reconnaissance de la place des femmes en politique
Dès 1934 avec l’association « Les Femmes nouvelles », Louise Weiss revendiqua une participation aux élections, préparant ses propres candidatures – à l’époque illégales – aux municipales de 1935 à Montmartre et aux législatives de 1936.
Mais c’est bien sûr le 24 mars 1944, dont nous célébrons ce mois les 80 ans, qui marqua l’esprit des Françaises éprises d’engagement public. Après que le Général de Gaulle a appelé à ce que « le régime nouveau comporte une représentation élue par tous les hommes et toutes les femmes de chez nous », l’amendement Fernand Grenier fut adopté par l’Assemblée consultative provisoire, instaurant le droit de vote et d’éligibilité à toutes les Françaises. Pour la première fois, la « puissance absolue de décider » si chère à Jean Bodin, s’appliqua sans exclusive à l’ensemble des tenants de la souveraineté populaire. Le droit d’un peuple à disposer de lui-même ne peut faire l’économie d’une part substantielle des siens, en l’occurrence des siennes.
Malgré les discriminations, les femmes ont souvent exercé le pouvoir sans le revendiquer. Parce que la force de leurs convictions, leur talent et surtout leur aptitude à la chose publique, si souvent déniés pourtant reconnus dans les faits, ont anticipé cette exigence de parité inscrite dans nos règles électorales depuis 2000. Cette aptitude par la preuve a paradoxalement retardé, dans notre pays, la reconnaissance formelle de l’égalité entre les sexes.
Mais c’est bien sûr le 24 mars 1944, dont nous célébrons ce mois les 80 ans, qui marqua l’esprit des Françaises éprises d’engagement public. Après que le Général de Gaulle a appelé à ce que « le régime nouveau comporte une représentation élue par tous les hommes et toutes les femmes de chez nous », l’amendement Fernand Grenier fut adopté par l’Assemblée consultative provisoire, instaurant le droit de vote et d’éligibilité à toutes les Françaises. Pour la première fois, la « puissance absolue de décider » si chère à Jean Bodin, s’appliqua sans exclusive à l’ensemble des tenants de la souveraineté populaire. Le droit d’un peuple à disposer de lui-même ne peut faire l’économie d’une part substantielle des siens, en l’occurrence des siennes.
Malgré les discriminations, les femmes ont souvent exercé le pouvoir sans le revendiquer. Parce que la force de leurs convictions, leur talent et surtout leur aptitude à la chose publique, si souvent déniés pourtant reconnus dans les faits, ont anticipé cette exigence de parité inscrite dans nos règles électorales depuis 2000. Cette aptitude par la preuve a paradoxalement retardé, dans notre pays, la reconnaissance formelle de l’égalité entre les sexes.
Les femmes au service de l’intérêt général : la preuve par les actes
Et pourtant les femmes ont démontré partout et en toutes circonstances leur capacité dans la gestion des Affaires d’un Etat, d’un Ministère, d’une Collectivité humaine. Elles sont aujourd’hui 19 à travers le monde à gouverner, suivant l’exemple de l’ancienne Première ministre Sirimavo Bandaranaike au Sri Lanka et de la présidente Vigdis Finnbogadottir en Islande qui leur ouvrirent le chemin.
Il est plus que temps de rappeler la parfaite aptitude des femmes au pouvoir, à l’heure où tant d’entre elles luttent pour l’exercice de leurs droits. Oui, le champ politique – c’est-à-dire celui de la vie collective, où tout se peut et se décide – doit accueillir toutes les aspirations dès lors qu’elles respectent les termes de la démocratie. Mais cet accès de toutes et tous à la vie publique ne saurait se faire au moyen d’une discrimination positive, qui inverserait une charge en passe-droit. La véritable égalité suppose d’être aveugle aux différences, pour juger librement la qualité d’un décideur ou d’une décideuse.
Je pense à Golda Meir, Première ministre d’Israël en 1969 dont nous célébrerons cette année les quarante ans de la fin de mandat et à propos de laquelle son mentor Ben Gourion jugea, non par misogynie mais justement par respect pour celle qui s’imposa dans un univers si masculin, qu’elle était « le seul homme de son gouvernement ». Dans l’action – et même dans la guerre – Golda Meir ouvrit la voie à d’autres destins, parlementaires, entrepreneuriaux et même présidentiels.
Aujourd’hui, les progrès sociaux si perceptibles en Occident, aléatoires en Orient et fragiles de par le monde nous conduisent tous à prendre conscience de la nécessité d’un engagement accru des femmes dans la vie publique. Ce n’est jamais chose facile, car les idées reçues se combattent surtout à l’issue d’un processus, à l’heure d’un bilan où meurent tous les a priori.
Mais les choses avancent malgré tout. En France, par exemple, où le taux de féminisation du Sénat ne cesse de progresser. Ce fut encore le cas lors du dernier renouvellement avec 36% de femmes dans notre hémicycle.
Ce combat est l’affaire de tous. Il transcende les frontières de l’âge, des conditions sociales et même de nos Etats. Sans la pleine reconnaissance des droits égaux à exercer un mandat public, c’est toute l’Universalité à la française et donc les principes mêmes de la Déclaration des Droits de l’Homme qui se trouveraient reniés au détriment du seul Bien véritablement supérieur : l’intérêt général.
Il est plus que temps de rappeler la parfaite aptitude des femmes au pouvoir, à l’heure où tant d’entre elles luttent pour l’exercice de leurs droits. Oui, le champ politique – c’est-à-dire celui de la vie collective, où tout se peut et se décide – doit accueillir toutes les aspirations dès lors qu’elles respectent les termes de la démocratie. Mais cet accès de toutes et tous à la vie publique ne saurait se faire au moyen d’une discrimination positive, qui inverserait une charge en passe-droit. La véritable égalité suppose d’être aveugle aux différences, pour juger librement la qualité d’un décideur ou d’une décideuse.
Je pense à Golda Meir, Première ministre d’Israël en 1969 dont nous célébrerons cette année les quarante ans de la fin de mandat et à propos de laquelle son mentor Ben Gourion jugea, non par misogynie mais justement par respect pour celle qui s’imposa dans un univers si masculin, qu’elle était « le seul homme de son gouvernement ». Dans l’action – et même dans la guerre – Golda Meir ouvrit la voie à d’autres destins, parlementaires, entrepreneuriaux et même présidentiels.
Aujourd’hui, les progrès sociaux si perceptibles en Occident, aléatoires en Orient et fragiles de par le monde nous conduisent tous à prendre conscience de la nécessité d’un engagement accru des femmes dans la vie publique. Ce n’est jamais chose facile, car les idées reçues se combattent surtout à l’issue d’un processus, à l’heure d’un bilan où meurent tous les a priori.
Mais les choses avancent malgré tout. En France, par exemple, où le taux de féminisation du Sénat ne cesse de progresser. Ce fut encore le cas lors du dernier renouvellement avec 36% de femmes dans notre hémicycle.
Ce combat est l’affaire de tous. Il transcende les frontières de l’âge, des conditions sociales et même de nos Etats. Sans la pleine reconnaissance des droits égaux à exercer un mandat public, c’est toute l’Universalité à la française et donc les principes mêmes de la Déclaration des Droits de l’Homme qui se trouveraient reniés au détriment du seul Bien véritablement supérieur : l’intérêt général.
À propos de Dominique Estrosi-Sassone :
Dominique Estrosi-Sassone a été élue Sénatrice des Alpes-Maritimes en 2014 et réélue en 2020. Présidente de la Commission des Affaires économiques depuis le 5 octobre 2023, elle est spécialiste des questions de logement et d’habitat. Elle est également Conseillère Municipale de la Ville de Nice et Conseillère Métropolitaine de la Métropole Nice Côte d’Azur. De 2001 à 2017, elle a été adjointe au Maire de Nice en charge du logement, de la rénovation urbaine et de la cohésion sociale. En 2008 et jusqu’en 2017, elle a présidé l’office public Côte d’Azur Habitat, premier bailleur social du département des Alpes-Maritimes, gérant 20000 logements. Elle a par ailleurs été successivement Conseillère Régionale de la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur et Conseillère Départementale des Alpes-Maritimes.
Au Sénat, elle a été nommée Rapporteur de plusieurs lois importantes traitant du logement, de l’urbanisme et de la rénovation énergétique des bâtiments. Elle a aussi été Vice-présidente du Groupe Les Républicains à la Haute Assemblée jusqu’à son élection comme Présidente de la Commission des Affaires économiques.
Au Sénat, elle a été nommée Rapporteur de plusieurs lois importantes traitant du logement, de l’urbanisme et de la rénovation énergétique des bâtiments. Elle a aussi été Vice-présidente du Groupe Les Républicains à la Haute Assemblée jusqu’à son élection comme Présidente de la Commission des Affaires économiques.