Floriane Addad – Fondatrice du site MyTroc.fr

Femme souriante avec chemisier blanc assise.
Floriane Addad, fondatrice de MyTroc.fr, partage avec nous son expérience de femme entrepreneure à impact. Malgré les obstacles rencontrés pour lever des fonds, le manque de sororité de certaines, Floriane encourage les femmes à entreprendre, à ne rien lâcher, à s’entraider et surtout à continuer de croire en elles.
Photo : Marlène Delcambre©

Face aux difficultés, aux doutes, une détermination à toute épreuve  

On en a perdu des récits, des œuvres, des connaissances, des projets d’envergure, des découvertes scientifiques, et encore bien d’autres choses qui auraient pu faire avancer nos sociétés, les transformer, les aider, les embellir. On en a perdu des choses à évincer les femmes depuis les débuts de l’humanité, et aujourd’hui encore, parfois ici, et ailleurs. 

Moi, plus les années passent, et plus j’admire les femmes. Je les trouve belles, quel que soit l’âge qu’elles portent, je les trouve fortes et sensibles, intelligentes, organisées, empathiques, courageuses, elles peuvent porter beaucoup, beaucoup plus que les hommes j’ai l’impression. 
J’ai souvent cette pensée utopique : et si c’étaient les femmes qui dirigeaient le monde ? Il y aurait moins, ou pas de guerre, notre environnement se porterait sans doute mieux, tant d’espèces n’auraient peut-être pas disparues… 

Quand j’ai créé MyTroc, en 2015, je n’aurais jamais pensé être capable de faire et d’apprendre autant de choses, de traverser autant d’épreuves, de faire preuve d’autant de résilience. Partie de rien, sans formation dans l’impact ou le business, restée les premières années sans salaire, j’ai frappé à tellement de portes qui sont restées closes, entendu des “c’est mignon ce que tu fais” quand cette même personne finançait mes concurrents masculins qui avaient pourtant moins d’utilisateurs, de chiffres (et qui n’existent plus aujourd’hui) “ton modèle économique je n’y crois pas” “nous, on investit pas sur les femmes, elles sont trop émotionnelles” “lever des fonds? C’est trop dur” “on ne peut pas être visionnaire et gestionnaire” “sans formation financière, c’est compliqué”… Et passant à travers toutes ces phrases, entre tous ces gens, j’ai continué ma route, j’ai même, en chemin, eu un enfant. 

J’ai travaillé jusqu’au dernier jour de ma grossesse. Je me souviens qu’au matin même de mon accouchement, alors que je sentais les contractions s’intensifier, j’ouvrais mon ordinateur pour terminer la rédaction d’un mail important pour la BPI. Deux semaines après la naissance de mon fils, je reprenais le travail, tout en m’occupant de lui. Il a 6 ans aujourd’hui. 

Autour de moi, j’entends souvent mes proches me dire “tu es une femme forte Flo, je t’admire”. Et pourtant. J’en ai passé des nuits à douter, à angoisser, à sentir des larmes, à me dire que je n’y arriverai peut-être jamais. Mais j’ai aussi beaucoup rêvé, construit, j’ai réussi à emporter avec moi des associés, des clients, des investisseurs, des partenaires, des personnes qui y croient. Qui croient qu’avec de la passion, du travail et une vision, on peut y arriver à changer les choses en mieux… à soigner, un peu, notre monde. 

L’entrepreneuriat à impact, une histoire de femmes et d’hommes de confiance. 

Depuis le début de mon aventure entrepreneuriale, j’ai également rencontré d’autres femmes entrepreneures. Dans l’impact, on croise plus de femmes dirigeantes que dans d’autres milieux plus classiques. Comme quoi nous sommes souvent plus sensibles aux sujets environnementaux et sociaux. Plusieurs d’entre elles ont également eu des enfants en route. Je les ai vu douter elles aussi, mais j’ai surtout vu la force qu’elles avaient en elle, et toutes ces étapes, souvent plus dur que pour les hommes, qu’elles ont dû franchir. Nous avons souvent partagé les mêmes problématiques autour du financement ou de la crédibilité de nos projets.  

Seulement 2% des startups créées par des femmes lèvent des fonds. Moi-même, avec les fonds d’investissement, ça a toujours été compliqué. Nos investisseurs sont presque tous des Business Angels, et le seul fonds qui nous a accompagné c’est makesense seed 1, un fond à impact dirigé par…des femmes ! Pourtant quand on regarde les stats, les femmes à la tête de leur entreprise ont un résultat brut d’exploitation souvent supérieur aux hommes, et leurs entreprises font moins faillite. Aujourd’hui nous sommes 10 salariés, nous travaillons pour quelques-uns des plus grands groupes du CAC 40, il y a plus de 550 000 inscrits sur nos solutions qui ont contribué à sauver des centaines de milliers d’objets. 

A celles et ceux qui lisent ces lignes, je vous rassure, je ne déteste pas les hommes loin de là. D’ailleurs c’est aussi grâce à eux que j’en suis là. Le premier à y croire et à mettre un ticket, comme on dit dans notre jargon, c’est Thierry de Passemar. Il m’avait vu lors de mon premier passage télé, fin 2015, sur BFM. Et puis Judicael aussi, mon associé CTO, qui s’est lancé dans l’aventure dès le début sans savoir de quoi demain sera fait. 

Ce qui est dommage, c’est que souvent les femmes qui réussissent à grande échelle n’aident pas les autres femmes. Je regrette ce manque de sororité. Je me suis promis d’essayer d’aider quand c’est possible, toutes les femmes qui souhaitent se lancer. Elles ont parfois juste besoin d’entendre que quelqu’un croit à leur projet et qu’elles en sont capables, pour sortir de ce formatage qui nous collent à la peau depuis notre enfance, et qui nous empêchent de voir les choses en grand. 

Depuis la nuit des temps, les femmes ont toujours été derrière chaque grande cause, chaque combat et chaque victoire. Aujourd’hui plus que jamais les femmes doivent être en première ligne pour construire le monde de demain. Cela ne pourra se faire sans nous. 

Je pense en écrivant ces dernières lignes, à toutes ces femmes qui se battent dans le monde pour notre liberté et qui parfois en perdent la vie. Je pense à toutes ces femmes qui se sont battues dans le passé pour qu’aujourd’hui, dans nos pays, nous puissions être libres. Je pense à toutes ces femmes, et je les remercie. 

  À propos de Floriane Addad : 

Floriane Addad navigue depuis son enfance dans le milieu artistique. Auteure, compositeur,
interprète, professeure et créatrice de comédie musicale pour enfants, elle joue dans de
belles salles parisiennes et sort quelques titres qui passeront à la radio. Très sensible à l’environnement depuis son plus jeune âge, elle laisse tout tomber en 2015 pour se consacrer à la lutte contre la surconsommation, le gaspillage et la précarité.


En 2015, c’est dans son petit appartement de la rue Greneta à Paris, qu’elle fonde MyTroc.fr, une plateforme de troc de biens et de services fonctionnant avec une monnaie virtuelle éthique, la noisette. Très vite, elle se rend compte qu’il y a également des enjeux chez les professionnels, et en 2018, avec ses associés, ils créent MyTroc.Pro, solution de plateformes digitales de réemploi pour réduire le gaspillage et la surconsommation de matériel professionnel.


Quelques interventions lors de colloques à l’ONU, 2 levées de fonds, et 500 passages presse, TV, radio plus tard, avec son équipe, ils démontrent aujourd’hui qu’il est possible d’allier impact et business.

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