Alexandra Szpiner – Élue conseillère régionale d’Ile-de-France ( LR )
Le 8 mars nous célébrerons la Journée internationale des droits des femmes. Curieuse victoire qui consisteà parler des droits des femmes une fois l’an alors qu’ils devraient être notre combat quotidien.
Le constat de la situation des femmes dans notre société est terrifiant sauf à imaginer que la situation des femmes se borne à celle des femmes dans notre hexagone.
J’ai une pensée pour ces femmes à Kaboul déjà oubliées, écartées de l’actualité qui se voient privées de leurs droits les plus élémentaires.
En Afrique qui hélas se soucient encore des femmes réduites en esclavage par Boko Haram ? L’excision qui constitue une violation barbare des droits et de l’intégrité physique et morale des femmes est encore pratiquée dans plus de 31 pays. Les viols en Inde persistent dans l’impunité des agresseurs et l’indifférence générale.
Le combat que mènent les femmes en Iran est une leçon de courage et de dignité. Dévoiler leur chevelure les condamne au fouet et à la pendaison. Cette régression de nos droits n’est pas l’apanage des pays du tiers-monde. La liste est longue de par le monde. Aux États-unis, le droit de disposer de son corps et d’interrompre sa grossesse est mis à mal. Dès lors notre pays pourrait apparaître comme un îlot de résistance qu’envieraient beaucoup de femmes. Pourtant si en France les femmes bénéficient de l’égalité des droits sur le plan juridique encore faudrait-il que ces droits soient effectifs.
Au tournant des années 2000, le défi de l’égalité s’est incarné dans une volonté de responsabilité et de représentativité. Les femmes ont ainsi occupé un rôle décisionnel croissant au plus haut sommet de l’Etat mais hélas pas dans les entreprises du CAC40. Cette transformation a ainsi fait partiellement voler en éclat le plafond de verre des carrières et des ambitions. Nous pouvons nous réjouir aujourd’hui d’avoir des femmes première ministre et présidente de l’Assemblée nationale.
Puisque plus rien ne serait inaccessible aux femmes, nous pourrions rêver d’un tableau idyllique et finalement d’une disparition de l’enjeu de l’égalité des droits, celui-ci étant une évidence et même un socle fondamental de nos sociétés.
Pourtant, celui-ci est plus que jamais crucial. L’égalité femme-homme se retrouve non plus dans l’idée de conquérir les structures de la société mais de s’ancrer au plus profond du quotidien.
Ces défis demeurent gigantesques et se déroulent au cœur des foyers français. La double journée des femmes, professionnelle et familiale est une réalité. La réponse n’est bien sûr pas un fanatisme qui consisterait à traduire devant les tribunaux les maris réfractaires au lave-vaisselle ou à l’aspirateur. Nous sommes devant un réel enjeu pédagogique. Nous touchons ainsi au cœur du problème : l’éducation. Le rôle de l’école n’est pas d’inculquer des théories farfelues sur le genre ou de réinventer l’orthographe. Elle doit briser les barrières sociologiques et les conservatismes familiaux sur ce rôle. A cet égard, nous devons nous engager pour que l’enseignant et son savoir soient sanctuarisées et que les cours ne s’inclinent plus devant les interdits familiaux ou religieux.
L’égalité se trouve également face à l’enjeu identitaire. L’égalité n’est pas juste le droit d’exercer une responsabilité du fait de compétences égales. Elle est aussi le droit d’avoir sa personnalité propre et son approche spécifique. L’égalité n’en est pas une si elle exige d’être quelqu’un d’autre. L’identité est au cœur de notre époque. Contraindre les femmes à renoncer à ce qu’elles sont, serait une faute morale. Ceci vaut également pour ceux qui considèrent qu’une femme vivant sa féminité serait une esclave du patriarcat….
Nous serions bien imprudents de considérer les conquêtes féministes comme acquises. Les idéologies rétrogrades et les populismes déclinistes accusant les femmes d’un effondrement civilisationnel et d’une « dévirilisation » fantasmée de l’homme sont bien présentes.
Cette ambition pour l’égalité passe par la valorisation des modèles. Je suis de la génération inspirée par Simone Veil. Je suis heureuse de voir les jeunes filles d’aujourd’hui grandir avec des modèles politiques, économiques, scientifiques ou artistiques. Nous devons encourager la transmission et je souhaite que chaque jeune fille de France puisse rencontrer ces femmes et en tirer une force supplémentaire.
L’égalité femme-homme a besoin d’une autre révolution que celle proposée par les différents fanatismes car la leur est un mensonge. Je crois en la révolution de la liberté et non en celle qui vise à remplacer un carcan par un autre. Les libertés qui sont celles des femmes sont un indicateur précieux de l’état d’une société dans son ensemble. Elle nous offre la capacité de comprendre à quel point la méritocratie parvient à triompher des préjugés.
La substance de notre combat est celui qui permet aux femmes d’exprimer une conscience et une volonté propre et non d’adhérer à un corpus donné. Nous devons encourager et favoriser l’accès des femmes aux études scientifiques, à la soif d’entreprendre. Nous devons tout faire pour que la maternité ne soit pas un frein à une carrière et faciliter le retour et même une seconde carrière après avoir dédié du temps à élever un enfant. A cet égard, nous devons porter attention, à l’approche des J.O de Paris, à ces athlètes de haut niveau qui souhaitent devenir mère sans que cela ne les condamne à une fin de carrière sportive. Elles sont des modèles et pourront contribuer à changer l’image de la maternité et de la maternité dans la vie professionnelle y compris au plus haut niveau.
L’égalité salariale doit être le sujet prioritaire de notre combat. Elle doit devenir une obligation légale de même que l’IVG et la contraception doivent être un droit effectif et non théorique c’est à dire accessibles aux femmes sur TOUS les territoires. Enfin il faut rappeler qu’on peut mourir en France parce qu’on est une femme.
Les féminicides et les viols ne sont heureusement plus un sujet tabou encore faut-il que la justice, les services de Police et les services sociaux disposent des moyens et des compétences pour enrayer ce fléau.
Nous devons être à la pointe du combat pour la laïcité pour faire barrage à ceux qui veulent affirmer la primauté de la loi religieuse sur les lois civiles et faire ainsi régresser nos droits fondamentaux.
En définitive, l’avenir du combat pour l’égalité s’inscrit dans celui pour une société des libertés, une société ouverte comme la décrivait Bergson. Notre responsabilité est de nous impliquer dans la vie publique, d’entreprendre et d’apporter notre contribution au bien commun. C’est en servant la liberté que celle des femmes prospèrera, j’en suis convaincue.
À propos d’Alexandra Szpiner :
Alexandra Szpiner, 51 ans mariée, maman d’une fille.
Après des études de germanistiques et de lettres classiques j’ai été journaliste pour des médias allemands puis ma passion de transmettre m’a ramené à l’enseignement. Je suis par ailleurs très investie depuis 20 ans dans l’alphabétisation et l’enseignement pour adultes en Ile-de-France et dans la scolarisation des petites filles au Burkina Faso. Je suis élue, conseillère régionale d’Ile-de-France ( LR ) dans la majorité de Valérie Pécresse.
J’ai présidé les comités des Femmes avec Valérie pendant la campagne présidentielle.