Dorothée Mourier Souchaud – Sommelière et cheffe d’entreprise
Le fait même qu’en 2023 nous ayons encore besoin d’une Journée Internationale des Droits des Femmes prouve que notre société évolue certes mais trop timidement, trop lentement et que cette égalité de droit entre les femmes et les hommes est encore loin d’être acquise ou en tous cas respectée.
La véritable victoire sera sans doute quand nous n’aurons plus besoin de consacrer une journée à commémorer ou à revendiquer des droits qui devraient être acquis et égaux pour tous les citoyens quelques soit leur genre, leur origine ou leur religion.
Je fais partie de ces femmes qui continuent de penser que les hommes et les femmes restent différents et que cette différence est une réelle richesse pour notre société.
La différence de droits entre les hommes et les femmes, voilà le véritable problème !
L’égalité des droits entre les hommes et les femmes est un principe fondamental visant à garantir que les femmes et les hommes aient les mêmes droits et les mêmes chances dans tous les domaines de la vie, y compris dans l’éducation, l’emploi, la politique, la famille et la société en général. Abolir le fait que notre société fasse une différence de traitements entre les hommes et les femmes, voilà le véritable défi que nous devons relever tous ensemble !
Il m’est difficile de parler au nom de toutes les femmes, mon parcours professionnel est quelque peu atypique. Entrepreneuse dans l’âme, je n‘ai été que très peu de temps salariée et je n’ai jamais eu de supérieur hiérarchique direct masculin.
Quand j’ai commencé ma vie professionnelle dans le monde du vin, je ne me suis jamais demandé si le fait d’être une femme pourrait être un problème dans un monde encore essentiellement masculin.
Femme d’action, au tempérament affirmé, à la répartie aiguisée et convaincue de ma légitimité je n’ai pas eu l’impression de devoir me battre particulièrement ou différemment de mes homologues masculins. J’ai instinctivement ou intuitivement su répondre à des insinuations ou des remarques déplacées et sexistes et remettre à leur place certaines personnes indélicates tout en précisant que ces agissements sont restés heureusement très à la marge.
Il n’en reste pas moins évident que, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières décennies en France, avec entre autre la mise en place de politiques et de lois l’inégalité persiste encore et les femmes partent souvent avec l’idée qu’elles vont devoir faire deux fois plus leur preuves, mettre leur féminité en sourdine et passer leur maternité sous silence…
De fait, les femmes restent sous-représentées dans les postes de direction que ce soit dans les entreprises privées, les institutions publiques ou les organisations gouvernementales et non gouvernementales.
De fait Les femmes sont souvent moins bien rémunérées que les hommes pour un travail de valeur égale.
De fait la violence à l’égard des femmes, qu’elle soit physique ou psychologique, qu’elle soit dans le cadre familial ou professionnel est encore trop répandue et constitue un grave obstacle à l’égalité des sexes.
De fait les stéréotypes sont pugnaces et limitent encore les possibilités de développement personnel et professionnel pour les femmes.
Les lois c’est bien, les faire appliquer et sanctionner lourdement les contrevenants est indispensable.
L’éducation reste un outil essentiel pour changer ces mentalités.
Il faut sensibiliser nos enfants dès le plus jeune âge aux questions de genres et à l’importance de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, ne plus inculquer des stéréotypes qui peuvent limiter les choix de vie des femmes et des hommes et promouvoir des modèles diversifiés.
Apprendre à nos enfants que chacun est différent, que c’est ce qui rend notre monde intéressant et que respecter ces différences est primordial.
Apprendre à nos enfants que rien n’est impossible. Les encourager à poursuivre leurs rêves, à être courageux, audacieux, curieux, à avoir confiance en eux, à faire fi des cases auto-formatées et que la volonté et l’enthousiasme sont des moteurs forts.
En somme, bien que des progrès aient été réalisés et que de nombreux texte de lois aient été votés, dans les faits l’égalité des droits homme – femme n’est pas encore une réalité.
Faisons aussi en sorte que cette revendication bien légitime des femmes pour obtenir des droits égaux à ceux des hommes ne devienne pas une lutte contre les hommes.
Les femmes devraient pouvoir acquérir leurs droits légitimes et fondamentaux sans que les hommes se sentent menacés.
Pour terminer je citerai Gisèle Halimi qui nous disait « Se battre est un devoir, tendre la main aux autres femmes une responsabilité, convaincre les hommes de la justesse de la cause une nécessité ».
À propose de Dorothée Suchaud :
Sommelière et chef d’entreprise, Dorothée est une femme curieuse, volontaire, passionnée, enthousiaste et indépendante.
Parisienne de naissance, la curiosité et l‘envie de découvrir le monde a toujours guidé ses pas. Une fois son diplôme en poche elle décide donc de partir à l’aventure à l’étranger pour se frotter à d’autres réalités.
A partir de là son parcours devient atypique, une vraie soif d’apprentissage et de découvertes lui fait saisir toutes les opportunités. Elle traverse l’Atlantique en voilier ce qui lui permettra d’apprendre beaucoup sur elle-même, s’installe à Londres pour vraiment maitriser l’anglais puis en Afrique du sud où elle découvre les vins du nouveau monde, ce qui sera pour elle un vrai déclic et orientera à jamais ses choix professionnels.
Après un retour en France et une nouvelle expérience comme indépendante dans le monde de la décoration intérieure et du spectacle, Dorothée devient mère et part s’installer en Amérique du sud en famille. En Bolivie dans un premier temps et enfin au Brésil où elle crée une société d’importation et une cave dédiée aux vins français à São Paulo en 2008.
De retour en France 8 ans plus tard et forte de son expérience, elle obtient le WSET3 et fonde la Clef des Vins en 2016 et continue ainsi à faire découvrir ses pépites dénichées au fil des années dans les vignobles aux restaurateurs, cavistes et amoureux du vin.
Depuis, Dorothée toujours aussi curieuse, continue à vouloir en savoir toujours plus et a su tirer parti de l’interruption momentanée de son activité en 2020 suite au Covid pour suivre une formation intensive de 15 mois dans les vignes et dans les chais et se frotter au métier de vigneronne. Une nouvelle page de ses aventures serait-elle en train de s’écrire ?…
