Édito – Journée Internationale des Droits des Femmes 2023 – Rosie Bordet

Edito : Journée Internationale des Droits des Femmes
8 mars 2023 

 

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous faisons un retour sur l’évolution de la place des Femmes dans la société sur les 5 dernières années. Après le mouvement me too qui a été une libération de la parole mais aussi de l’écoute, il y a eu des timides avancées et des reculs majeurs.  

En Iran, le mouvement Femme-Vie-Liberté a secoué le pays suite à l’assassinat d’une jeune fille. La guerre aux portes de l’Europe, a réveillé les fantômes de la traite des blanches, ces femmes de l’Est (majoritairement Ukrainiennes) vendues à des réseaux de prostitution et de pornographie. 

Grande cause nationale en France, la lutte pour les droits des femmes a été marquée par le Grenelle des violences conjugales qui a donné naissance à un plan national avec 46 mesures phares : la création de nouvelles solutions d’hébergement, généralisation de la prise de plainte dans les hôpitaux, création du numéro gratuit d’urgence, etc.  

Le bracelet anti-éloignement, la facilitation du dépôt de plainte (en ligne notamment), la formation des policiers pour une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences, la création d’un fichier des auteurs de violences conjugales…sont autant d’efforts pour lutter contre les violences conjugales et protéger les femmes en situation de précarité. Cependant, les 122 féminicides ont été recensés en 2021 et le faible nombre de condamnations prononcés montre le travail fastidieux qu’il reste à abattre. 

Au sein de l’entreprise, la loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle avait pour objectif une meilleure représentation des femmes dans l’entreprise notamment dans le top management avec l’imposition d’un quota de 40% de femmes aux postes de direction des grandes entreprises, un index de l’égalité dans l’enseignement supérieur ainsi que la mise à disposition des places réservées en priorité dans les crèches à vocation professionnelle pour les femmes seules. La création de l’index professionnel d’égalité femme homme s’avère être un outil utile mais insuffisant pour mener à l’égalité salariale. En effet, la liberté et l’égalité financière, c’est la clé de la vraie liberté des femmes. 

La libération de la parole des femmes a aussi permis d’aborder des sujets tabous, pas uniquement liés à la violence mais aussi à l’enjeu liée au fait d’être une femme. Pour la première fois, nous nous sommes collectivement intéressés à la question de l’endométriose, calvaire que vivait certaines femmes dans l’indifférence complète. Cette prise en compte a permis la réflexion sur la stratégie nationale de lutte contre la maladie mais aussi la possibilité d’un congé menstruel. Au sein des écoles et collèges, l’accès aux serviettes hygiéniques est désormais gratuit mais aussi pour les femmes les plus précaires, dans les centres d’hébergement. 

Néanmoins, les hommes se sentent de plus en plus concernés par ce sujet et veulent prendre leur part dans cette lutte. Lors de notre matinale #4, Maxime Ruszniewski, CEO de Remixt, partage des résultats encourageants : La jeune génération (notamment les hommes) est résolument engagée à lutter contre les violences faites aux femmes et tout autre type de discrimination. La solidarité entre femmes prend de l’ampleur avec le développement de clubs de réflexion féminins et du mentorat féminin en entreprise. La féminisation (même lente) du top management facilite ce type d’initiative. 

Alors que la France connait la 2éme femme premier ministre de son histoire et la première présidente de l’Assemblée Nationale, une femme est tuée tous les 3 jours sous les coups de son ex ou de son compagnon ; 207 743 victimes de violences conjugales (une hausse de 21% par rapport à 2020 avec près de 87% de victimes qui sont des femmes). 

L’abrogation du droit à l’avortement aux Etats-Unis a été un véritable choc pour toutes les associations pour les droits dans le monde. En France et en Europe, cette abrogation a eu l’effet d’un signal d’alarme et a suscité une levée de boucliers. Un cruel rappel que pour les femmes, rien n’est jamais gagné, beaucoup reste à faire. Elle nous rappelle que la lutte pour les droits des femmes sera longue et ardue, qu’il faut rester vigilante car il suffit d’un rien pour perdre ce que nous pensions acquis. Nous devons rester engagées, solidaires et déterminées dans cette lutte. 

Grâce à cela, les associations féministes françaises ont pesé de tout leur poids pour l’inscription de la liberté à recourir à l’IVG dans la constitution, afin de protéger, de consacrer ce droit chèrement acquis par Simone Veil, Gisèle Halimi et tant d’autres. Pour la première fois, un rapport parlementaire tire la sonnette d’alarme sur les contenus pornographiques qui font de l’exploitation et de la marchandisation du corps et de la sexualité des femmes un business mondial.  

La lutte pour les droits des femmes est loin d’être un long fleuve tranquille. Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies depuis 2017, a déploré lundi 6 mars 2023, que « l’égalité » entre les femmes et les hommes dans le monde soit un objectif de plus en plus lointain, atteint au mieux « dans 300 ans ». Mais par la sororité, par la collaboration entre les hommes et les femmes mais aussi par un dialogue permanent entre les associations et les institutions et une justice ferme, nous pourrons, ensemble, créer un environnement pacifié où chacun a sa place, en sécurité et dispose des mêmes chances pour réussir. Peut-être même avant 300 ans. 

 

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