« Plus diplômées que les hommes, les femmes n’accèdent pourtant pas aux postes et aux métiers les plus considérés et les plus rémunérateurs » : le préambule du rapport de la Cour des Comptes sur Les Inégalités entre les femmes et les hommes de l’école au marché du travail résume à lui seul un constat alarmant.
Nous sommes tous les témoins de cette inégalité insidieuse. Durant leur scolarité, la présence constante de stéréotypes pèse sur les filles et leur choix d’orientation vers certaines disciplines comme les sciences ou les mathématiques en est directement impacté. A l’entrée dans la vie professionnelle, les biais de genre touchent directement la recherche d’emploi des femmes : les souhaits les plus populaires chez les filles étant la médecine et l’enseignement ; alors que pour les garçons se sont les métiers des technologies et des sciences (Source Pisa).
Le tissu associatif regorge de projets engagés dont l’ADN même a pour objectif de réduire ses stéréotypes, d’estomper les biais de représentation et surtout de proposer de nouveaux modèles pour déconstruire les codes et inspirer les jeunes filles à se révéler.
Au sein du réseau Entreprendre Pour Apprendre, nous proposons une aventure entrepreneuriale à de jeunes élèves. Le temps d’une année scolaire, nous leur donnons l’opportunité d’imaginer, de créer et de produire un bien ou un service qui sera commercialisé en fin d’année : c’est la Mini-Entreprise ! Un défi qui va donner l’occasion à une collégienne de 13 ans de devenir cheffe d’entreprise ou à un lycéen de 16 ans de devenir DRH ou responsable de production le temps d’une année.
La Mini-Entreprise permet aux jeunes de mettre en pratique les savoirs enseignés en classe tout en développant des softs skills et l’association fait ainsi le lien entre le monde de l’Ecole et celui de l’Entreprise.
Il est intéressant de regarder comment se positionnent les collégiennes et les lycéennes dans ces Mini-Entreprises ? En début d’année, lors du choix des rôles de chacun dans le projet, les mains des garçons se lèvent instinctivement lorsqu’il faut être le PDG ou le directeur du projet alors que les filles s’orientent vers les postes de communication ou coordination. Ces jeunes ne sont qu’au collège et leurs rôles semblent déjà figés, immuablement.
Alors c’est justement ici que tout se joue, c’est à ce moment précis que le rôle de l’association est essentiel pour amener le groupe d’élèves à changer d’état d’esprit, pour proposer aux filles et aux garçons la mise en place d’un nouveau modèle de travail basé sur les compétences et les envies de chacun, quel que soit leur genre.
« L’orientation constitue un moment clef, cristallisant le « passé » scolaire des garçons et des filles et leurs aspirations, conscientes ou résultant de l’intériorisation de stéréotypes de genre, ainsi que les projections de leur entourage, scolaire et familial » nous indique le rapport de la Cours des Comptes.
Je garderai longtemps à l’esprit l’anecdote d’un partenaire : une cheffe d’équipe dans le secteur du BTP qui, organisant une visite de son chantier de construction pour des jeunes, se retrouve face à des questions aussi déroutantes que sincères « mais madame, c’est vous la boss de tous ces hommes ? c’est possible d’être une femme et de manager des grutiers et des cordistes ? »
Alors oui c’est possible ! Oui c’est possible, si justement des rôles modèles émergent au sein de notre société pour influencer positivement les nouvelles générations.
Je pense instinctivement à la spationaute Claudie Haigneré ; j’avais 15 ans, et Claudie me faisait lever les yeux vers le ciel avec son vol en station orbitale, elle donnait à voir à toutes les jeunes filles de ma génération que devenir scientifique, aller dans l’espace et être une femme était pleinement compatible !
Les rôles modèles sont aujourd’hui essentiels pour pouvoir inspirer et faire rêver. Les Mini-Entreprises de notre association sont mentorés par des professionnels, afin d’accompagner les jeunes dans la réalisation de leur projet. J’aimerais profiter de cette tribune pour lancer un appel aux femmes : devenez mentor ! Rejoignez le collectif des professionnels qui coachent les élèves, offrez aux jeunes filles des exemples de réussites quel que soit votre parcours, votre origine géographique ou sociale et quel que soit la couleur de votre peau.
Les projecteurs doivent aujourd’hui mettre leur lumière sur vos parcours de femmes afin d’inspirer les plus jeunes et faire bouger les lignes !
Biographie – Amandine OUDART
Amandine Oudart a suivi des études d’Histoire. Elle a débuté sa vie professionnelle par des missions culturelles à l’étranger et notamment en Inde et en Asie du Sud-Est. Avec près de 20 ans d’expérience dans le secteur de l’intérêt général, elle a œuvré pour des associations, fondations et fonds de dotation au profit de causes comme la valorisation du patrimoine culturel, l’éducation populaire ou l’engagement citoyen de la jeunesse. Elle possède une expertise reconnue en développement des ressources financières des organisations : levée de fonds auprès de donateurs privés et mécénat d’entreprise.
Depuis 2022, elle est directrice de l’association Entreprendre Pour Apprendre en Île-de-France où elle a permis d’accompagner plus de 5.000 jeunes mettant l’accent sur le développement de leurs compétences entrepreneuriales, leur choix d’orientation et leur insertion professionnelle.
LinkedIn : linkedin.com/in/amandine-oudart-459185122