Le feminisme autrement – Judith BELLER

Je suis femme, depuis longtemps, 

Je suis femme, et ça s’apprend.  

Ces deux phrases s’entrechoquent en moi, et je dois les démêler à chaque fois qu’elles se fondent l’une en l’autre… Simone (de Beauvoir) nous l’a bien dit pourtant, dans « Le Deuxième Sexe » …. « On ne naît pas femme : on le devient. »  

Lorsque je vois éclore la féminité sur le corps encore enfantin de ma fille, je me rappelle ces premiers moments chez moi, ces instants fragiles où l’on pleure déjà l’enfance qui s’en va, et où le monde des femmes paraît presque terrifiant. Elle me l’a dit ma petite, mais maman je suis encore une enfant, pourquoi ces attributs soudains viennent-ils déformer mon t-shirt ? 

La métaphore d’un chemin qu’aucune de nous n’aura choisi, qu’il nous faudra apprendre à arrêter de subir, pour l’embrasser… Ce n’est pas chose aisée.  

Etre seule entre femmes, ça aide pour parler de l’intimité. Les conseils chaleureux de mes sœurs m’ont toujours aidée à intégrer mon statut de femme, et ce qu’il manifeste malgré lui…   

Cependant, sur la route de la vie, ce sont souvent les hommes qui m’ont donné ma chance… La quarantaine passée, je peux concrètement allier ces deux parties déjà liées de ma vie, réconcilier le féminin et le masculin en moi, grâce à mon expérience. Mais qu’en était-il au tout début ? Ce n’était pas une évidence. 

Cette réconciliation, si elle était arrivée plus tôt sur mon chemin intime, m’aurait certainement évité quelques déboires, quoique, je tiens à le préciser, et comme le disait Piaf, « Non, rien de rien, non, je ne regrette rien. ».  

À l’aube de ma vie, vers 14 ans, j’ai découvert la danse hip-hop et tout ce mouvement et sa richesse. J’ai débuté à l’école Paris Centre, pas loin de la Place Clichy, et j’ai fini par aller m’entraîner à la Place Carrée, aux Halles, avec quelques-uns des élèves qui la fréquentaient déjà. J’ai eu la (grande) chance de danser avec les incontournables O’Possee, Aktuel Force, et j’en passe… Ça c’est pour le côté sympa.  

Mais vivre intensément, ça veut dire prendre des claques, (très important, je le sais aujourd’hui), et j’en ai pris pas mal. Imaginez la jeune bourgeoise du 6ᵉ arrondissement de Paris qui débarque en 1994 dans un mouvement dont elle ne connaît ni les codes, ni le machisme profond…. Être une femme dans un monde de mecs, je l’ai appris à la dure. Mais aujourd’hui, avec le recul, je sais que cette époque fut bénie, car non content de m’endurcir, c’est ainsi que j’ai commencé à être féministe, et sans m’en rendre compte. 

À chaque fois que ces messieurs voulaient m’assigner tel ou tel travers, je forçais le trait. 

Encore plus de liberté. Coûte que coûte et contre vents et marées. 

 Sans les hommes et le challenge où je me suis moi-même plongée en tant que jeune adolescente, je n’aurais jamais embrassé ma féminité avec la passion qui me caractérise désormais. Être femme, cela veut aussi dire allier sa dualité, féminin et masculin. On a le droit d’être féministe, et en talons aiguilles. 

Je suppose que pour être un homme, il faut faire pareil. L’équilibre naît de l’harmonisation des forces opposées…  

Alors, comment faire pour être féministe sans les hommes ? Pour moi, c’est impossible. 

Les hommes aussi peuvent être féministes. Ils sont de plus encore majoritairement à la tête d’une société qui sort tout doucement du système patriarcal, alors comment faire avancer le droit des femmes sans leur apport ? C’est une impasse.  

N’oublions pas non plus la manière dont celles d’aujourd’hui sont scrutées, sans les citer, et qu’on adhère ou qu’on n’adhère pas, ces femmes politiques ou de pouvoir dont on entend souvent qu’elles sont déplacées, ou hystériques quand elles parlent haut et fort pour le genre féminin. Ouvrir les bras à la parole féministe des hommes, l’allier à celle des femmes, pour n’en faire qu’une… tairait certainement ces préjugés sociaux… ? La question se pose.  

Le combat, la révolution sont nécessaires pour faire avancer les droits au départ.  

Mais quand la prise de conscience est généralisée, il faut commencer à discuter. 

« Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner 100 batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre. » Sun Tzu, « L ’art de la guerre ».  

Le droit des femmes doit devenir une cause commune aux hommes et aux femmes, et je l’écris dans ce sens-là exprès. Si les hommes se saisissent de la cause, elle ne sera plus un combat, et deviendra une évidence. En réconciliant les forces féminines et masculines, en reconnaissant la valeur intrinsèque de chaque genre, le droit des femmes trouve son allié le plus puissant.   

La consécration du droit des femmes réside dans la construction d’un avenir où l’équité entre les genres est la norme, ce qui exige la promotion d’une culture où chaque individu, indépendamment de son genre, peut s’épanouir librement.  

Le féminisme sera autrement ou il ne sera pas. 

Biographie

Forte d’une carrière débutée dans les coulisses de la mode et de l’art, Judith Beller a su marier son expertise en communication, son œil affûté et sa passion pour la défense du patrimoine vivant. Après avoir fondé sa première agence de relations publiques et travaillé avec de grands noms de la photographie et du Street art, elle a poursuivi sa carrière dans le luxe et l’édition. En 2014, elle lance Best Of Paris, une revue haut de gamme qui célèbre « l’art de vivre à la parisienne » à travers une sélection du meilleur de la capitale… Le précurseur d’une série de réalisations marquantes, et d’un vaste réseau de partenaires.  

En 2018, Judith Beller fait un saut dans le monde de la radio en créant l’émission C’est Excellent sur Sud Radio, où elle met à l’honneur les personnalités et les créateurs qui incarnent l’excellence française. Désormais à sa sixième saison, c’est un rendez-vous hebdomadaire incontournable. Parallèlement, Judith lance Destins de Femmes, qui va à la découverte des parcours inspirants de femmes incarnées, prônant le féminisme autrement, tous genres confondus. Après avoir officié à la matinale, elle devient aussi l’animatrice estivale des Vraies Voix de Sud Radio. En constante évolution, Judith Beller continue de tracer sa voie, tout en valorisant et transmettant le savoir-faire français. 

LinkedIn :  linkedin.com/in/judith-beller-755a2146 

Partager :

Les articles :

100 boulevard pereire
75017 Paris
contact@rb-associes.fr
01 42 93 22 61

Mentions légales
Politique de confidentialité
plan du site