Gabrielle Halpern

Coup de coeur 2021

Gabrielle HALPERN – Auteure et philosophe

BIOGRAPHIE

Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie, chercheur-associée et diplômée de l’École Normale Supérieure, Gabrielle Halpern a travaillé au sein de différents cabinets ministériels, avant de participer au développement de startups et de conseiller des entreprises et des institutions publiques. Elle possède également une formation en théologie et en exégèse des textes religieux. Ses travaux de recherche portent entre autres sur la notion de l’hybride et elle est l’auteur de « Tous centaures ! Eloge de l’hybridation », Le Pommier, 2020.

Retrouvez plus d’informations sur son site www.gabriellehalpern.com

 

L’hybridation : un projet de société, une vision du monde !

L’hybride est le thème auquel j’ai consacré ma thèse de doctorat en philosophie, même si je réfléchissais à cette question depuis beaucoup plus longtemps ! Si le terme « hybride » était peu usité il y a encore quelques années – à part dans le domaine automobile ou dans celui de la biologie – force est de constater que la crise sanitaire l’a mis sous le coup des projecteurs. Désormais, les événements sont hybrides, ainsi que les réunions, les salons ou encore les formations. Mais nous passerions complètement à côté du trésor que constitue l’approche hybride, si nous la limitions à un banal « mélange de présentiel et de distanciel ». L’hybride, c’est ce qui est mélangé, contradictoire, hétéroclite; c’est tout ce qui n’entre pas dans nos cases.

J’ai choisi d’étudier la question de l’hybride, parce que j’ai senti, à travers de nombreux signaux faibles, une évolution, un mouvement, une transformation : le phénomène d’hybridation accélérée du monde. Mes intuitions se sont révélées justes, puisque l’hybride touche désormais tous les aspects de notre vie, de la société ou des entreprises. Rien n’y échappe: les objets, les territoires, les identités, les matériaux, les produits et les services, la politique, les modes de consommation et de commercialisation, les entreprises ou les institutions publiques, les métiers, les bâtiments, les manières d’innover et de travailler, l’éducation, etc. Nous assistons à l’émergence de nouvelles combinaisons et re-combinaisons; nous entrons à l’ère des mariages improbables!

Cela suscite un malaise dans la société, parce que les choses, les situations, les êtres, qui entraient jusqu’à présent dans nos cases n’y entrent plus et toutes nos définitions volent en éclat… Or, cette hybridation peut aussi être le meilleur moteur de la créativité et de l’innovation! J’ai décidé de travailler sur ce thème, afin de montrer en quoi cela pouvait être une chance pour l’être humain, pour nos sociétés ou pour les entreprises et comment nous pouvions apprendre à apprivoiser cette hybridité pour nous sentir à l’aise dans ce monde.

Ce thème de l’hybride, je le porte en réalité depuis toujours et il me touche très personnellement. J’ai de multiples origines, mon éducation est faite de différentes cultures et identités, – comme de très nombreuses personnes en France et ailleurs dans le monde. Cela n’est pas forcément évident, parce que vous ne faites partie ni d’un monde ni de l’autre ; en réalité, vous avez une drôle d’identité et vous êtes nulle part ! Pour grandir, j’ai compris que cela pouvait être une richesse, si j’arrivais à hybrider toutes ces identités et ces cultures et que j’apprenais à devenir un centaure. Avec le temps, j’ai hybridé aussi les formations, les métiers et les univers professionnels.

Lorsque j’ai poursuivi mes études de philosophie à l’École Normale Supérieure, nous étions alors en 2008, en pleine crise économique, le monde s’effondrait autour de nous et nombreux étaient ceux qui disaient « mais où la philosophie va-t-elle te mener ? Cela ne sert à rien » ! Je me suis donc interrogée sur la place, le rôle et la responsabilité du philosophe dans la Cité. Ils ne peuvent pas être dans un monde ou dans un autre, ils ne peuvent pas se cantonner à et dans une seule identité ; ils sont forcément au cœur de mille mondes, ils n’ont pas le droit de penser par catégorie, leur responsabilité est d’être des ingénieurs qui construisent sans cesse des ponts entre les mondes, les idées, les identités, les êtres humains. Leur rôle, qui est en même temps un devoir, est d’hybrider, sans cesse et sans relâche et d’apporter du sens à ces hybridations. Ils sont des ingénieurs, des passeurs, des traducteurs, des métisseurs…

L’hybridation n’est pas seulement une stratégie, c’est un état d’esprit, un projet de société, une vision du monde.

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