Evelyne Dress – comédienne, réalisatrice, productrice, peintre, écrivain-voyageur

Evelyne Dress – comédienne, réalisatrice, productrice, peintre, écrivain-voyageur

BIOGRAPHIE

Evelyne Dress est née un 1er août à Lyon dans le train, parce que sa mère voulait accoucher auprès de ses parents qui habitaient à Grenoble.

Evelyne Dress est une actrice incontournable du cinéma français. On se souvient d’elle dans notamment « Et la tendresse bordel ? Bordel ! » de Patrick Schulmann avec Bernard Giraudeau, mais aussi dans « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause » de Michel Audiard avec Annie Girardot, « Le solitaire » de Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo ou encore « La nuit de Varennes » d’Ettore Scola avec Marcello Mastroianni.

Evelyne Dress a été vedette de nombreuses productions télévisuelles : « Arsène Lupin », « Cinq dernières minutes », « Maigret », « Châteauvallon ».., sans oublier de multiples prestations sur les planches : « Le marchand de Venise » avec Claude Dauphin, « Largo Desolato » de Vaclav Havel…

Mais c’est désormais l’écriture qui constitue son quotidien avec plusieurs romans à son actif dont « Pas d’amour sans amour » adapté du film qu’elle a réalisé avec Patrick Chesnais, Gérard Darmon, Martin Lamotte, Michel Duchaussoy, Jean-Luc Bideau, Aurore Clément, Dora Doll… des romans d’écrivain-voyageur « Les tournesols de Jérusalem », « Le rendez-vous de Rangoon », « Les chemins de Garwolin », des romans inspirés de ses souvenirs d’enfance « La maison de Petichet » qu’elle a adapté et qui est en cours de production et « Mes chats » et « Pour l’amour du Dauphiné », deux récits autobiographiques.

Elle est aussi l’auteur de deux albums jeunesse : « Luna apprend à faire des crêpes » et « Luna et les petits canards »

Le 11 mars 2022 sort son nouveau roman « 5 jours de la vie d’une femme » (Glyphe)


TRIBUNE

Evelyne Dress, comédienne, réalisatrice, productrice, peintre, écrivain-voyageur.

Je suis née un 1er août dans le train.

Le train était bondé, ma mère debout. Mon père dut tirer la sonnette d’alarme pour que le train s’arrête en gare des Brotteaux à Lyon.

Aujourd’hui, la gare est classée Monument historique, non grâce à moi, toutefois le guide qui la fait visiter raconte qu’Evelyne Dress, comédienne – et de citer toute ma filmographie – est née dans cette gare. Je n’en suis pas peu fière !

Un jour, c’est moi qui serai Monument historique et j’espère que ceux qui viendront se recueillir sur ma tombe se souviendront que j’ai mené plusieurs guerres.

Fille d’un tailleur sur mesure désargenté, né dans un shtetl, un petit village en Pologne, je n’étais pas préparée pour une carrière artistique, pas plus que je n’étais armée pour devenir une femme avec un grand F : la pauvreté empêche les ailes de se déployer.

J’étais née, il a donc fallu devenir.

Je faisais un rêve : être comédienne.

Un camarade de mon frère, qui présentait le concours du Centre d’Art Dramatique de la rue Blanche, me conseilla : « Passe le concours, tu ne seras pas reçue, mais au moins tu verras comment ça se passe. »

J’ai été admise du premier coup.

Après trois années studieuses, où j’ai tout appris des dures lois du métier, j’ai commencé à travailler.

D’abord au théâtre. Pendant dix ans, j’ai enchaîné les spectacles éclectiques : de Oh Calcutta, une revue théâtrale d’avant-garde, à Largo Desolato, écrite par Vaclav Havel un an après sa sortie de prison, en passant par Le Marchand de Venise de Shakespeare avec Claude Dauphin dans le rôle-titre.

En 1978, alors que je jouais Plantons sous la suie, une comédie musicale au Café de la gare, Patrick Schulmann, venu voir le spectacle, m’a engagée pour être la vedette aux côtés de Bernard Giraudeau de Et la Tendresse ? Bordel !, film culte par excellence.

Du jour au lendemain, j’ai été connue et reconnue.

Mais voilà, je suis née rebelle !

Et en 1987, j’ai commis mon premier crime de lèse-majesté !

Louis Bériot, le président de France Télévision, me proposa d’animer Entrez sans frapper, un talk-show sur Antenne 2 et Europe 1, en même temps.

Moi qui me voyais déjà en Franck Sinatra, Dean Martin, Liza Minnelli, qui voulais faire rire et pleurer, qui voulais chanter, danser, faire des claquettes, je n’allais pas laisser passer une telle opportunité. Je fonçai !

Je ne savais pas que les couloirs d’Europe 1, où nous tournions en direct tous les soirs, étaient pavés de peaux de banane.

Et j’ai glissé naïvement.

À cette époque, une comédienne de cinéma n’avait pas le droit de se commettre à la télévision !

Ou, peut-être, une femme n’avait-elle pas le droit, tout simplement, de choisir sa destinée ?

Après cette expérience douloureuse, j’ai eu besoin de prendre une année sabbatique pour réfléchir à ma vie.

Que faire de son temps, lorsqu’on a le cœur lourd ?

J’avais toujours vécu dans le regard des autres, celui de mon tendre père, des metteurs en scène, des réalisateurs, du public. J’avais toujours été un objet qu’on manipule.

Soudain, je découvrais que j’étais capable de créer et, en l’occurrence de peindre, et je m’enfermai deux ans pour expérimenter ce nouvel outil.

Ma peinture a plu ; elle est sortie très vite de mon atelier.

J’ai eu des prix, des médailles, j’ai fait des expos collectives et personnelles, j’ai été exposée deux fois au Grand Palais.

Je suis devenue invincible !

Mais, surtout, je suis devenue Moi.

Pendant cette retraite, j’ai lu un livre qui m’a bouleversée : Le Boucher d’Alina Reyes.

Un best-seller paru au Seuil qui disait en 99 pages les phantasmes sexuels d’un boucher pour sa caissière, racontés par la caissière.

J’ai pensé : « C’est avec ces mots-là que je vais revenir au théâtre. Ces mots qui parlent de la vie, de la mort, de la chair et de la chair, et du sexe, ce sont ces mots-là que je vais dire à voix haute. »

Mais c’était trente ans avant Les Monologues du vagin et aucun théâtre ne voulut se lancer dans l’aventure.

Et en 1990, j’ai commis mon deuxième crime de lèse-majesté !

J’ai monté, produit, joué Le Boucher au Bataclan avec Rufus dans le rôle-titre.

Le soir de la générale, 1100 personnes, les pour et les contre, s’affrontèrent dans une nouvelle bataille d’Hernani.

Pendant le temps où je montai Le Boucher, la nuit j’écrivais un scénario de film qui voulait raconter la génération qui a lutté pour son indépendance sexuelle, sociale, intellectuelle et qui se retrouve à l’orée de l’An 2000 avec le goût amer de la solitude.

Eva, mon héroïne, célibataire de quarante ans, sortait d’un échec sentimental et n’avait pas fait l’amour depuis trois ans. Mais pour elle : Pas d’amour sans amour.

Et en 1992, j’ai commis mon troisième crime de lèse-majesté !

Pas d’amour sans amour commençait chez le gynécologue, Eva les pieds dans les étriers.

Mais c’était vingt ans avant #MeToo et aucun producteur ne voulut se lancer dans une aventure qui dénonçait les comportements masculins.

J’ai donc créé ma société de production S.E.D.

Lorsque le tournage a été terminé, j’ai entendu : « Puisque vous l’avez écrit, produit, joué, réalisé, eh bien, distribuez-le, maintenant ! »

J’ai donc distribué Pas d’amour sans amour.

Parce que j’avais osé marcher hors des sentiers battus, le bruit a couru que l’on m’avait « offert » mon film, alors que j’avais hypothéqué mon appartement pour le terminer.

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers

Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?[1]

« Mais je le jure, Monsieur le Juge, je n’ai pas couché avec les 153 828 spectateurs qui se sont déplacés en 1993 pour voir mon film en salle, ni avec les 7 129 080 téléspectateurs qui l’ont regardé sur France 2, mardi 12 décembre 1995, face au foot sur TF1, la Ligue PSG contre Guingamp, qui n’a fait que 5 837 580 téléspectateurs ! »

Aujourd’hui j’écris. Et mon dixième roman, 5 Jours de la vie d’une Femme (Editions Glyphe), sort le 11 mars.

« Merci Mon Dieu de m’avoir donné la faculté d’écrire », elle répare toutes mes blessures.

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot, car j’ai encore beaucoup de romans à écrire, beaucoup de films à réaliser, beaucoup de voyages à faire avant le dernier.

« Mesdames, ne vous laissez pas freiner par les codes de la bonne société, n’écoutez que votre fantaisie ! »

Rebelle je suis née, rebelle je mourrai ! 

Evelyne Dress

[1] Le Cid, Pierre Corneille, Acte 1, scène 4

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