Atelier #23 – L’économie sociale et solidaire – 15 décembre 2022
L’économie sociale et solidaire (ESS) définit un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale.
Le mode de gestion démocratique et participatif devient la principale différence entre ESS et économie traditionnelle. RB & Associés propose alors un atelier, à destination des entreprises pour débattre ensemble de l’importance de l’ESS face à l’économie traditionnelle. Ensemble nous réfléchirons à la question suivante :
Comment l’ESS influence-t-elle l’économie traditionnelle ?
Pour en parler ce jeudi 15 décembre, nous recevions :
- Frédéric Hello, Directeur économie sociale et solidaire à la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes et Vice-président CRESS AURA
- Ambre Perrochaud, Co-fondatrice Mater Avocats
- Frédéric Faure, Administrateur et sociétaire magasin Biocoop
Quelles sont les valeurs de l’ESS ?
L’économie sociale et solidaire (ESS) est un modèle économique qui met l’accent sur la production et la distribution de biens et de services visant à répondre aux besoins sociaux et environnementaux de la société, plutôt que de viser uniquement à maximiser les profits. Elle se caractérise par des structures de propriété et de gouvernance alternatives aux entreprises traditionnelles, telles que les coopératives, les associations et les fondations.
C’est un mode de pensée qui place l’humain au centre. Les intervenants nous expliquent qu’il y a une décorrélation de la valeur de l’argent. La gouvernance est partagée et on dit couramment : un homme = une voix.
La loi française encadre l’ESS. Il existe une chambre nationale et une chambre régionale sur cette économie. La loi Hamon de 2014 pose un cadre juridique sur l’encadrement de l’ESS et l’ouvre aux entreprises privées.
L’ESS vise à créer de l’emploi et à développer l’innovation tout en respectant l’environnement, en promouvant l’égalité et la solidarité. Elle s’appuie sur des valeurs de participation, de démocratie, de transparence et de responsabilité sociale et environnementale.
Il existe de nombreux exemples d’initiatives de l’ESS dans différents secteurs, tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, l’habitation, l’énergie, les services financiers, le commerce équitable, etc.
En France, l’ESS représente environ 10% de l’emploi et 8% du PIB. Elle est soutenue par de nombreuses politiques publiques et par des financements spécifiques, tels que le fonds de développement de l’ESS et le fonds européen de développement économique et social.
L’ESS peut être considérée comme une alternative crédible au modèle économique dominant, en offrant une réponse aux défis économiques, sociaux et environnementaux de notre société. Elle peut contribuer à la construction d’une société plus inclusive, plus durable et plus solidaire. Il existe cependant des limites à cette économie telles que :
- Faible visibilité : l’ESS est souvent moins connue que les entreprises traditionnelles, ce qui peut rendre difficile sa reconnaissance et sa mise en valeur.
- Faible accès au financement : les entreprises de l’ESS ont souvent du mal à obtenir des prêts bancaires ou à lever des fonds auprès de bailleurs de fonds traditionnels, ce qui peut limiter leur croissance et leur développement.
- Faibles marges de profit : l’ESS se concentre souvent sur la réalisation d’objectifs sociaux et environnementaux plutôt que sur la maximisation du profit, ce qui peut conduire à des marges de profit plus faibles que celles des entreprises traditionnelles.
- Faible pouvoir de négociation : l’ESS peut avoir du mal à s’imposer face aux grandes entreprises et aux puissants lobbys, ce qui peut limiter son influence sur les décisions politiques et économiques.
- Faibles effectifs : l’ESS est souvent composée de petites et moyennes entreprises, qui peuvent avoir des moyens limités et une moins grande capacité d’action que les grandes entreprises.
ESS : Réponses aux lacunes de l’économie traditionnelle ?
Il existe également plusieurs lacunes de l’économie traditionnelle, c’est-à-dire des faiblesses ou des limites du modèle économique dominant basé sur la maximisation du profit et la concurrence. Voici quelques exemples de lacunes couramment mentionnées :
- Inégalités : le modèle économique traditionnel peut entraîner des inégalités croissantes, notamment en termes de revenus et de patrimoine, ce qui peut avoir des conséquences néfastes sur la société et la stabilité politique.
- Externalités négatives : le modèle économique traditionnel peut ne pas tenir compte de certaines conséquences néfastes de l’activité économique, telles que la pollution ou la dégradation de l’environnement, ce qui peut avoir des effets durables sur la santé et l’écosystème.
- Manque de durabilité : le modèle économique traditionnel peut être axé sur la croissance à court terme et ne pas tenir suffisamment compte de la durabilité à long terme, ce qui peut entraîner des problèmes tels que l’épuisement des ressources naturelles ou le changement climatique.
- Faible participation citoyenne : le modèle économique traditionnel peut mettre l’accent sur la maximisation du profit au détriment de la participation des citoyens aux décisions qui les concernent, ce qui peut conduire à une défiance de la population envers les institutions et à un manque de légitimité de ces dernières.
Par définition, nos intervenants nous indiquent que l’ESS est une alternative à cette économie et donc à ses lacunes. La gestion participative, le placement central de l’humain, l’attrait à l’économie circulaire, sont des réponses aux manquements de l’économie traditionnelle.
L’ESS c’est mettre tout le monde ensemble sur un but commun.
Les entreprises se tournent-elles vers l’ESS par nécessité ?
La situation actuelle pousse de plus en plus de personnes et d’entreprises à se tourner vers des modes de fonctionnement participatif, tels que l’ESS. Cependant, comme pour le domaine de l’écologie, nos intervenants nous mettent en garde sur l’opportunisme et le phénomène de greenwashing.
L’opportunisme peut être défini comme la tendance à saisir les opportunités qui se présentent, même si elles peuvent être contraires à des valeurs ou à des engagements préalables. Dans le contexte de l’économie sociale et solidaire (ESS), l’opportunisme peut prendre différentes formes.
Tout d’abord, il peut s’agir de personnes ou d’organisations qui utilisent le label « ESS » pour se donner une image de marque positive sans respecter réellement les valeurs et les objectifs de l’ESS. Par exemple, une entreprise qui se présente comme « écologique » sans avoir de réels engagements en faveur de l’environnement peut être considérée comme opportuniste.
Ensuite, l’opportunisme peut être présent lorsque des personnes ou des organisations cherchent à profiter des avantages fiscaux ou juridiques liés à l’ESS sans respecter les obligations qui en découlent. Par exemple, une entreprise qui s’inscrit comme coopérative pour bénéficier de certaines dispositions fiscales sans respecter les obligations démocratiques qui en découlent peut être considérée comme opportuniste.
Enfin, l’opportunisme peut être présent lorsque des personnes ou des organisations cherchent à profiter de l’image positive de l’ESS pour faire du business sans avoir de réels engagements sociaux ou environnementaux. Par exemple, une entreprise qui utilise le label « équitable » pour vendre ses produits sans avoir de réels engagements en faveur de l’équité peut être considérée comme opportuniste.
Il est important de noter que l’opportunisme peut être présent dans tous les secteurs économiques, y compris dans l’ESS. Cependant, l’ESS met l’accent sur les valeurs et les objectifs sociaux et environnementaux, ce qui peut rendre l’opportunisme plus visible et susciter une réaction de la part de la communauté de l’ESS.
Aujourd’hui, ces pratiques sont condamnables mais restent souvent utilisées.
Nos trois intervenants étaient cependant assez optimistes face à ces pratiques car c’est un moyen de faire un premier pas et d’attirer de plus grosses entreprises.
Quel avenir pour l’ESS ?
Il est difficile de prévoir exactement l’avenir de l’économie sociale et solidaire (ESS), mais il est possible de faire quelques hypothèses sur les tendances qui pourraient se développer.
Tout d’abord, il est probable que l’ESS continue à croître et à se développer en tant que secteur économique à part entière. En effet, l’ESS répond à de nombreuses attentes et aspirations de la société, notamment en termes de responsabilité sociale et environnementale, de développement local et de démocratie économique.
Il est également possible que l’ESS s’intègre davantage à l’économie traditionnelle et devienne un acteur incontournable dans la recherche de solutions aux défis économiques, sociaux et environnementaux. En effet, l’ESS peut être un vecteur de changement et contribuer à orienter l’économie vers une vision plus durable et responsable.
Il est enfin possible que l’ESS soit de plus en plus reconnue et valorisée par les pouvoirs publics et par les acteurs économiques traditionnels, ce qui pourrait lui permettre de disposer de moyens et de ressources supplémentaires pour poursuivre son développement.
Il est important de noter que l’avenir de l’ESS dépendra également de nombreux facteurs externes, tels que les politiques publiques, les évolutions technologiques ou les changements sociaux et environnementaux. Il est donc difficile de prévoir avec certitude l’avenir de l’ESS, mais il est possible de s’attendre à ce qu’elle continue à jouer un rôle important dans l’économie et la société.
Conclusion
L’économie sociale et solidaire (ESS) peut avoir une influence sur l’économie traditionnelle de plusieurs manières. Tout d’abord, l’ESS peut être un modèle alternatif à l’économie traditionnelle, en proposant des approches différentes de la production, de la distribution et de la consommation qui tiennent compte de critères sociaux et environnementaux. De cette manière, l’ESS peut contribuer à orienter l’économie vers une vision plus durable et responsable.
En outre, l’ESS peut avoir un impact sur l’économie traditionnelle en proposant des innovations et en montrant que d’autres modèles économiques sont possibles. Par exemple, certaines entreprises de l’ESS ont mis en place des modèles de collaboration et de partage qui ont inspiré des entreprises traditionnelles.
Enfin, l’ESS peut avoir une influence sur l’économie traditionnelle en pesant sur les décisions politiques et en incitant à des changements législatifs ou réglementaires qui encouragent une économie plus responsable et durable. En effet, l’ESS peut être un acteur de la société civile et contribuer à la définition de politiques publiques qui tiennent compte de ses valeurs et de ses objectifs sociaux.
Pour conclure, les intervenants s’accordent à dire que l’ESS est un beau modèle démocratique vertueux, plus égalitaire et plus humain. C’est à nous de se l’approprier et de le développer.
Animateur: Emmanuel Lafont, Fondateur de Sparte RH Groupe
Contacts Press :
Clémence Darmet
c.darmet@rb-associes.fr
07 85 95 28 92
Stéphanie Wanmi
s.wanmi@rb-associes.fr
06 32 98 38 56
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