« Le principe de méritocratie, au cœur de notre pacte républicain, est synonyme de justice sociale et d’émancipation » est une phrase assez commune dans nos discours politiques. Si la méritocratie porte un idéal de mobilité sociale, elle est amplement conditionnée par les diplômes et les origines sociales. A la veille des élections présidentielles, il est donc judicieux de l’interroger.
Déconstruire le mérite
La méritocratie signifie littéralement le pouvoir des méritants. Ce néologisme fondé en 1958 par Michael Young dans une dystopie, The rise of Meritocracy, où la grande Bretagne est redevenue une société de castes fondée sur le mérite, correspond à un idéal plus ancien. Le mérite s’oppose au privilège et en ce sens, il est central dans la pensée américaine et française dès la fin du XVIIIème siècle. L’idéal méritocratique suppose que toute personne, si elle s’en donne les moyens et acquiert des diplômes, pourra gravir l’échelle sociale grâce à son mérite.