Coup de cœur 2021
Victoire Jasmin – Sénatrice de la Guadeloupe
BIOGRAPHIE
Née le 23 décembre 1955 à Morne-à-l’Eau, j’ai grandi dans une famille modeste entourée de mes frères et sœurs et de mes cousins et cousines.
Mère de 3 enfants, tout en menant de front ma carrière professionnelle dans le domaine de la santé, j’ai toujours concilié ma vie familiale et ma vie associative en adhérant successivement à plusieurs associations dans la promotion et la défense de l’éducation, la santé, la politique et la défense des droits des femmes, pour ne citer que cela. Comme de nombreuses femmes j’ai dû, à force de travail, de détermination et d’obstination concilier tous les rôles : femme, mère, militante associative et politique, professionnelle de santé.
Mes engagements associatifs ainsi que mon parcours le démontrent : je suis une femme résolument de Gauche, une militante de la justice sociale, de l’égalité entre les femmes et les hommes et de progrès écologique.
Femme, mère, militante associative, élue locale et intercommunale, Sénatrice de la République comme tant d’autres.
Qu’est-ce qu’être femme en 2021 ?
Depuis de longues années les femmes ne cessent de lutter pour la reconnaissance de leurs droits et pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Un combat acharné pour vivre, pour exister, pour performer.
« La vie » voilà l’arène ou chaque jour les femmes telles des gladiatrices mènent leurs combats quotidiens, jadis pour voter et disposer de leur corps, aujourd’hui pour prouver qu’elles peuvent occuper les plus hautes fonctions, qu’elles peuvent être à leur place sans avoir à se justifier sans cesse.
1944 – 2014
70 ans de conquête !
Suite à l’obtention du droit de vote, les femmes n’ont eu de cessent de démontrer qu’elles étaient capables, méritantes et qu’elles pouvaient apporter énormément à la construction d’une société bienveillante, plus inclusive et tolérante.
Cependant, Il aura fallu attendre Août 2014, sous le Gouvernement de F. HOLLANDE, pour que le principe de l’égalité réelle entre les hommes et les femmes soit sanctuarisé par une loi. La société trop rétrograde peut-être, pas suffisamment progressiste et égalitaire devait être « encadrée », pour permettre aux femmes de briser le fameux plafond de verre.
Cette loi, c’est une mise en œuvre de dispositifs pour « contraindre » la société à faire reculer les stéréotypes sexistes, à généraliser la parité dans tous les secteurs de la vie sociale sur le principe d’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités.
Mais Aujourd’hui qu’en est-il réellement ?
En qualité de Sénatrice de la Guadeloupe, je me bats quotidiennement pour la valorisation de la femme dans une société plus responsable, plus égalitaire, plus humaine.
Très impliquée au sein de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les femmes, je me mobilise pleinement pour que les femmes « osent », qu’elles fassent preuve d’audace, d’ambition, qu’elles montrent qu’elles sont pleinement en capacité de concilier vie professionnelle et vie familiale.
Elles sont trop souvent victimes de discriminations professionnelles ; leur travail n’est pas pris en considération à sa juste valeur. Bien souvent elles sont exposées aux risques psychosociaux et souffrent de burn-out. En France, et plus singulièrement en Guadeloupe une attention particulière doit être portée à cette situation car les femmes en sont principalement victime.
Ainsi, lors des discussions sur le projet de loi « lutte contre les violences sexuelles et sexistes » j’ai présenté un amendement visant à intégrer dans tous les projets régionaux de santé, un volet obligatoire concernant la prévention des violences sexuelles, l’accès aux soins et au suivi médical des victimes de violences sexuelles sur chaque territoire.
J’ai aussi porté un amendement pour lutter contre le cyber harcèlement et le cyber sexisme, phénomènes grandissants sur internet et les réseaux sociaux.
Les femmes doivent encore faire trop d’efforts pour prouver, démontrer qu’elles sont aussi compétentes et capables que les hommes d’occuper des fonctions de cadres, de dirigeants.
Ces fonctions restent encore l’apanage des hommes !
Elles subissent trop de discrimination dans le monde de la recherche, discréditées et reléguées à des fonctions annexes, pas suffisamment valoriser y compris par les médias.
Malgré tous ses obstacles, les femmes réussissent à se frayer un chemin dans le monde du travail, de l’entreprenariat, de la recherche et deviennent des expertes, malheureusement pas reconnue à leur juste valeur, au niveau économique, social, culturel.
Je tente avec mes collègues de tout mettre en œuvre pour faire changer ces situations qui méritent désormais que nous puissions les dénoncer pour un véritable changement des mentalités.
Le genre, ne doit plus définir une carrière professionnelle et ne doit plus être un frein aux aspirations des femmes.
Travailler avec tous les partenaires institutionnels et associatifs pour inciter à un véritable changement reste une de mes motivations.
Elles sont capables, ambitieuses, bienveillantes !
Les femmes peuvent mener de front leur carrière et assumer leur parentalité.
Il faut transformer les mentalités.
Biographie complète :
Une carrière dans le domaine de la santé
- Un parcours universitaire et professionnel
Titulaire d’un Diplôme Universitaire et Technologique en biologie appliquée option biochimie- biologie, et d’un titre européen de Biotechnologiste médical, j’ai poursuivi mon cursus en décrochant concomitamment une Maîtrise en santé publique et un diplôme de cadre de laboratoire d’analyses médicales.
Concomitamment à ma carrière professionnelle j’ai contribué publié, à la publication de l’étude sur la découverte de l’hémoglobine ROSEAU -POINTE-A-PITRE en 1985, et de l’hémoglobine S en 1986 (INSERM unité 91), dont je suis cosignataire.
J’ai également contribué à l’ouverture du Centre intégré de la Drépanocytose et particulièrement de son laboratoire aux cotés du Professeur Guy MERAULT, Directeur de recherches Inserm unité 91, du Professeur Camille BERCHEL, Pédiatre et Chercheur, du Docteur Christian SAINT-MARTIN, Biologiste, de Lysiane KECLAR-CHRISTOPHE, Ingénieur Inserm, du Docteur Marie-Dominique HARDY DESSOURCES, et d’autres professionnels.
Une vie associative formatrice et enrichissante
- Un engagement associatif imprégné de valeurs familiales fortes
Mon enracinement associatif est né très tôt, initié par les membres de ma famille et un cercle d’amis très proches de mes parents.
Engagée dans la vie de ma citée à Morne-à-l’Eau, et soucieuse de son essor, c’est avec mes cousins et cousines que j’ai rejoins l’association « la Sincérité Mornalienne », orientée vers la promotion de la culture.
- La santé, mon cœur de métier.
Conciliée vie professionnelle et vie associative, un pari réussi car j’ai eu l’honneur d’être la Présidente de l’association Inter-laboratoires d’analyses médicales de la Guadeloupe.
Par la suite j’ai été Secrétaire de l’association Guadeloupéenne de prévention des maladies génétiques et métaboliques (AGDPH), qui gérait autrefois le centre intègre de la Drépanocytose.
- L’éducation, un droit fondamental qui doit être accessible à tous
Maman impliquée dans l’éducation et la scolarité de mes enfants, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai souhaité rejoindre la Fédération des Associations de Parents d’élèves (FAPEG), pour être au cœur des actions et des décisions pour l’éducation de tous les enfants de notre archipel. J’ai été membre, puis Vice Présidente et Présidente.
Une expérience riche, des années de combats et de rencontres pour l’éducation de nos enfants.
Ma plus grande fierté est peut-être d’avoir conduit à démocratiser l’inclusion et la scolarisation des enfants en situation de handicap en milieu scolaire ordinaire.
La détermination et l’obstination dont j’ai pu faire preuve lors de ces années ont certainement contribué à la femme politique que je suis aujourd’hui, au sens de mon action en tant que Sénatrice.
- La femme Guadeloupéenne au cœur de mon action
Aujourd’hui encore, la question se pose toujours : « Comment concilier vie familiale, vie professionnelle, vie associative, vie sportive, vie….. ? »
Militante des premiers instants, et rompue au combat pour la reconnaissance de la « valeur et des droits » de la femme, j’ai suivi les traces de ma mère et de mes tantes, en adhérant et en soutenant avec ténacité des associations de promotion de la Femme.
Ainsi, j’ai été Secrétaire adjointe de l’Observatoire Féminin, et de la Fédération Féminine d’Organisation et de Revalorisation Culturelle Economique et Sociale (FORCES).
Aujourd’hui, même s’il est vrai que mes nouvelles responsabilités politiques ne me laissent guère le temps, je reste très active dans le milieu associatif.
Un destin politique
- La politique, une vocation…
Née dans une famille de militants Communistes, la politique a toujours fait partie de mon quotidien, aussi bien dans les discussions entre mes parents, que lors des fêtes de famille. Dès mon plus jeune âge, j’ai été plongée lors des rencontres familiales dans les débats politiques animés.
Convaincue de l’importance d’agir et de faire entendre ses opinions, de les défendre, très jeune, j’ai adhéré au parti communiste et obtenu ma carte de militante de jeune communiste.
Je peux donc affirmer que ce sont mes parents qui m’ont donné cette passion du débat, de la rencontre, de faire « bouger » les choses. Cette passion de la politique m’anime aujourd’hui encore et me pousse à me dépasser chaque jour un peu plus pour contribuer à promouvoir notre archipel, mais aussi à le défendre en valorisant notre culture, notre économie, notre diversité….
- 2001, une année décisive
C’est en 2001, que ma carrière politique a démarré. Cette année là, j’ai été en seconde position sur la liste portée par le parti des Verts, lors des élections municipales à Morne-à-l’Eau.
L’année suivante, en 2002, j’ai été suppléante pour les élections législatives, sur la liste des Verts de la 2ème circonscription.
En 2008, dans la deuxième circonscription en Guadeloupe, j’ai été en seconde position sur une liste du mouvement populaire Morne-à-l’Eau (MPM). Suite à cette élection j’ai été élue 1ère Adjointe au Maire.
Lors des élections municipales de 2014, j’ai été élue 3ème adjointe au Maire sur une liste remaniée suite à une fusion au second tour. Dans le même temps je suis devenue membre du bureau communautaire.
Suite au décès du Maire en 2016, je suis redevenue après le vote de mes collègues, 1ère adjointe au Maire de la ville de Morne-à-l’Eau et conseillère communautaire.
Lors de mes nombreuses années au qualité d’adjoint au Maire, j’ai été au contact de la population, j’ai pu cerner leurs problèmes, les difficultés que les citoyens rencontraient. Sénatrice je suis consciente des attentes de la population et des enjeux qui sous tendent les projets de lois dans divers domaines.
Le 24 Septembre 2017 je suis élue Sénatrice sur la liste de Partie Socialiste « la Guadeloupe au cœur de notre action » présentée par Victorin LUREL, avec l’ambition de rassembler les Guadeloupéens autour d’un projet commun.
Convaincue que qu’il est primordial de conserver un ancrage territorial fort, je suis aussi Conseillère municipale de la ville de Morne-à-l’Eau.
- Quel est le rôle d’une Sénatrice au sein de la République ?
Il est vrai que beaucoup de guadeloupéens, comme la grande majorité des français, méconnaissent ce qu’est un Sénateur, son rôle, ses tâches au sein de la République et pourtant nous jouons un rôle important pour défendre notre démocratie.
Un Sénateur, contrôle le Gouvernement, examine et propose des amendements, vote des textes de loi…
Tout ce que prévoit la législation en vigueur.
Depuis mon arrivée sur les bancs du Sénat, je suis membre de la Commission des affaires sociales, de la délégation aux droits des femmes et secrétaire de la délégation Outre-Mer.
« J’ai choisi de me mobiliser au sein de la Commission des affaires sociales, de la délégation aux droits des femmes et de la Délégation aux Outre-Mer afin d’apporter et de poursuivre au niveau national mes engagements associatifs, professionnels et politiques au services des familles, de l’égalité entre les hommes et les femmes et des territoires ».
Je suis également membre de la mission d’information portant sur la gestion des risques climatiques et l’évolution de nos systèmes d’indemnisation et membre de la mission d’information sur le football féminin à quelques mois du mondial de football féminin (juin 2019).
- Mon action au Sénat, en bref
Au Sénat, je figure dans le top 100 des sénateurs les plus actifs avec 37 semaines d’activité, 181 présences en Commission, 120 interventions en Commission.
Mon action en qualité de Sénatrice c’est aussi, 120 interventions longues en Commission, 515 amendements dont 55 adoptés et une proposition de loi écrite. ( source : nossenateurs.fr ).
Agir efficacement contre nos problématiques
L’agriculture
Fille d’un père cultivateur de cannes, c’est dès l’enfance que j’ai pris conscience de la valeur et de la richesse de nos sols, de notre agriculture. Mon action politique reflète les valeurs intrinsèques qui m’ont construites en tant que personne. C’est donc avec beaucoup d’intérêt et de passion que je me suis appliquée à défendre la cause des agriculteurs, qui trop souvent sont oubliés, méprisés.
Au sénat, je me suis mobilisée en faveur de la revalorisation de leur pension de retraite. Proposition qui n’a malheureusement pas été suivie par la majorité gouvernementale.
Cela ne m’empêchera pas pour autant de travailler pour que ces hommes et ces femmes qui cultivent la terre une vie durant, puissent bénéficier d’une retraite décente.
Au niveau de notre agriculture locale, trop de jeunes peine à s’installer. Les démarches d’installation sont fastidieuses et l’information pour les aides et subvention ne sont pas accessibles facilement. L’agriculture reste pourtant un fleuron de notre économie et de notre culture, vectrice de nombreux emplois et donc un rempart à la montée du chômage de masse qui touche notre population.
Je milite ardemment pour que le foncier agricole soit libéré afin d’installer de jeunes agriculteurs formés pour tendre à une auto suffisance alimentaire avec la diversification et l’amélioration de l’organisation des différentes filières, la mise en conformité des exploitations, la traçabilité et l’amélioration des réseaux de commercialisation.
Le chômage des jeunes, un exode subi, un vieillissement de la population
Depuis de nombreuses années nous assistons impuissants au départ de nos jeunes, de nos forces vives touchés par un chômage de masse et une absence de perspectives professionnelles.
Nos enfants ne trouvent pas d’emplois en Guadeloupe même quand ils sont diplômés. D’autres personnes trouvent grâce à des réseaux établis qui ne tiennent pas compte des diplômes et des compétences. C’est un constat. A mon avis, il faudrait que les patrons, les recruteurs, les DRH, prennent en compte cette situation pour intégrer les jeunes Guadeloupéens dans leur entreprise. Je ne comprends pas pourquoi ils agissent de cette manière. Je le redis, c’est intolérable ! Cette tendance à l’exode influe négativement sur la natalité et sur le vieillissement de la population.
La Guadeloupe est ainsi devenue en quelques années, l’un des départements français le plus vieillissant.
Privés de nos force vives, nous sommes un peuple en « sursis », le vieillissement de la population est une situation critique qui m’interpelle.
Etre une femme …. en politique
Les femmes jouent un rôle important dans notre société, et elles ne sont pas toujours reconnues à leur juste valeur.
Pourtant, elles sont très impliquées dans la vie sociale, politique, alors que bien souvent elles sont seules pour éduquer et élever leurs enfants.
Concilier sa vie de famille, de professionnelle, de mère, sa vie associative et sa vie politique est un challenge de tous les instants. Il s’avère que cela ne soit pas toujours simple et compatible.
Toutefois, il nous appartient de bien prendre conscience de l’intérêt de chacune de ces missions pour réussir à tout mener de front et à s’épanouir dans chacune de ces facettes d’une seule et même vie.
Je me suis toujours engagée dans différents domaines en même temps, avec plaisir, détermination et courage pour contribuer à la prise en compte de très nombreuses problématiques, et à la mise en place de solutions pérennes.
Femme de terrain, mon action s’est illustrée dans l’accompagnement de parents dans le cadre des réseaux d’écoute et d’appui des parents. J’ai également présenté des projets de prévention sur la nutrition, la santé sexuelle et reproductive ainsi que sur les conduites addictives. Je suis formée en santé publique et suis très sensible aux nombreuses problématiques émergentes et à la systémique sociale.
Je considère aujourd’hui que j’ai une mission qui est celle de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes et des hommes dans notre société, de bâtir les fondations de leur épanouissement et de leur bonheur, tout en agissant de façon bienveillante au quotidien pour humaniser les politiques publiques et améliorer la qualité de vie de mes concitoyens.