Ancienne Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France, Denise Oberlin nous livre un vibrant plaidoyer pour la liberté et le vivre ensemble.
Je suis une femme libre qui transmet. Je suis une femme libre qui œuvre à l’émancipation des femmes. Mais pas qu’un 8 mars ! Je suis une femme d’ombre et de lumière. Mais avant tout, je suis une femme libre née à Paris un 1er février 1941. Pupille de la Nation et orpheline à 18 ans de ma mère, veuve de guerre. Mes études diverses et variées, mais toujours avec mon esprit de curiosité, m’ont fait découvrir de nombreuses matières, et m’ont permis de terminer ma carrière professionnelle dans les secteurs industriel et agroalimentaire concernés pas tout ce qui touche la Qualité. Je reçois des mains du président de la République Nicolas Sarkozy, le grade de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite le 15 mai 2009, pour tous les services éminents rendus. Tout au long de ma carrière professionnelle, je me suis impliquée, et, continue, dans des associations nationales et européennes, qui défendent avec conviction les valeurs républicaines que sont la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité, le respect de soi et des autres, la tolérance, la liberté absolue de conscience, la dignité, les droits des êtres humains en général et en particulier ceux des femmes. Je pourrais affirmer que tout cela est acquis, détrompez-vous ! Gardons en mémoire, entre autre, le rassemblement du 19 février 2019 place de la République à Paris et dans toutes les autres villes de province. Je pourrais penser que tous ces mots ne résonnent plus comme ils devraient se faire entendre. Parce qu’ils font peur. Parce que certains ne souhaitent plus qu’ils retentissent. Parce que c’est plus facile d’être rien que d’aimer, chanter, vivre, être heureux et libre. Parce que c’est facile de voir la vie en rose et bleu et rouge et jaune et vert à petits pois. Parce que tous ces mots apportent la liberté, le bonheur, le sourire, l’émancipation et la réflexion. Ils apportent un tout qui fait du bien et qui nous mène à construire ensemble l’avenir de tous. Voilà pourquoi ils font peur. En outre, il est plus aisé de manipuler des gens malheureux, dans l’incertitude, dans l’insécurité que dans la bienveillance et la liberté. Eh oui ! Cependant, il y a un mot que j’affectionne particulièrement : « LIBRE ». Libre de mes mouvements, de mes pensées, de mes actes. J’agis en fonction de mes moyens, de mes facultés, sans entraver autrui. Cette liberté me sert tout au long de ma vie profane et sacrée. J’aide les femmes à se sentir femmes, à sortir de leur condition. À être libres ! Pour y arriver, il fallait que j’acquière ma propre émancipation pour pouvoir transmettre. Car là était bien ma vocation, transmettre des valeurs, faire sortir de l’être humain féminin sa quintessence. On pourrait penser que cet exercice est facile.
Oh non ! Femme que nous sommes, on nous a toujours appris à obéir au masculin… Voyez où cela nous mène !
Comme l’a dit Albert Einstein : « Un homme qui n’est plus capable de s’émerveiller a pratiquement cessé de vivre ». C’est pourquoi, il faut avancer ensemble femmes, enfants, et, hommes de progrès. Avancer ensemble implique une grande part de moi. Une grande part de nous tous, personnellement, individuellement et collectivement. Pour cela, je dois, nous devons apprendre, grandir, recevoir pour mieux donner. Si je devais en garder l’essentiel, ce serait : l’écoute, la prise de conscience de ses possibilités enfouies, la prise de parole et la parole juste. Même si je suis aujourd’hui une ingénieure à la retraite, je travaille toujours, voir plus qu’avant, car ces valeurs que j’ai toujours défendues, je les propage ou les transmets lors de mes différents voyages maçonniques, colloques, commissions ici et ailleurs. Dans mon livre « La Rose entre les dents », je retrace les plus de quarante années de maçonnerie féminine. Dont je fus de 2009 à 2012 la Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France. Jusqu’à la fin de mes jours, je continuerai à porter les voix qui m’animent c’est-à-dire la liberté et l’égalité de tous et pour tous. Jusqu’à la fin de ma vie, je transmettrai les valeurs humanistes qui m’habitent. Jusqu’à la fin. « Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginée. » Henry James.
A propos de Denise Oberlin
Denise Oberlin, née au cœur de l’Ile Saint-Louis à Paris, de parents alsaciens, passe son enfance et son adolescence dans le quartier de la République. Elle connaît le Gaumont Palace, le TNP où elle voit jouer Gérard Philipe… Orpheline à 18 ans, elle poursuit ses études et obtient un poste d’enseignante en physique-chimie pendant sept ans, puis, sa formation d’ingénieur l’entraîne au sein de l’association Qualité-France qui décerne les labels rouge et AB de l’agriculture biologique.
Au fil de la vie, Denise Oberlin rencontre des Francs-maçons qui lui reconnaissent des valeurs de droiture et de vérité et la dirigent vers la G.L.F.F. où elle est initiée le 25 juin 1976.