« Tu ne jouis pas d’une ville à cause de ses sept ou soixante-dix-sept merveilles, mais de la réponse qu’elle apporte à l’une de tes questions », écrivait le romancier italien Italo Calvino. Et la Région Ile-de-France, quelles sont les questions que nous lui posons aujourd’hui et demain?
On se meut dans un territoire ; on échange dans un espace ; on travaille dans un lieu ; on agit et interagit dans une Cité. Mais tous ces « on », qui semblent distincts ou contradictoires, sont pourtant une même et seule personne : l’ensemble des habitants de notre région. Le développement durable, l’urbanisme, les transports, la gestion des déchets, l’accès aux services publics, l’emploi, le tourisme, le commerce, la démocratie participative posent chacun une question et ces questions s’entrechoquent.
Quelle réponse la Région peut-elle nous apporter quand nos questions sont si nombreuses et a priori si paradoxales ? Pourrait-on vivre en Ile-de-France si elle ne répondait qu’à l’une de ces questions et pas à toutes ? En proposant un plan de 10 milliards d’euros, avec Valérie Pécresse nous y avons répondu : « Nous devons apporter des réponses concrètes à tous les habitants, car il y a une urgence climatique ; tous les habitants, cela signifie ceux des villes riches, des villes pauvres et des villages ».
Bien évidemment, l’Ile-de-France n’est pas une région comme les autres ; 18 % de la population française y vit, soit 12,2 millions d’habitants. C’est une région jeune, qui compte plus d’habitants de 20-39 ans que les autres régions, un taux de natalité supérieur au taux de mortalité et une immigration élevée : 40 % des étrangers migrants en France y vivent. Elle réalise 31 % du PIB national et 20 % des exportations du pays. Les enjeux sont donc multiples, l’aménagement, la lutte contre la pollution, le développement des transports et celui des énergies renouvelables. Pour conjuguer l’Ile-de-France au futur, c’est toute une écologie régionale que nous inventons avec la Présidente de région.
Le pari de notre région est le suivant : inventer une nouvelle combinaison, une hybridation inédite entre toutes ces questions pour leur apporter une solution. Nous devons à la fois chercher à renforcer sa compétitivité internationale, développer des centres d’affaires et de recherche d’envergure européenne et mondiale (la Défense, Saclay), tout en instaurant des solidarités entre les populations et les territoires. A l’image de ces tiers-lieux qui fleurissent en France et dans le monde, notre région doit devenir l’opportunité de partage des espaces, de fécondes interactions, d’une économie circulaire locale, de nouvelles manières de se déplacer, de produire et de consommer.
C’est parce que la Région Capitale est unique, seule métropole française de taille mondiale, que nous devons y proposer des solutions différentes et novatrices, que nous devons à la fois refuser le déclinisme et placer l’environnement au centre de tous les sujets
Solidarité et l’intelligence des territoires. Pour cela, je propose une nouvelle méthode basée sur la solidarité et l’intelligence des territoires même si aujourd’hui, ils ne cessent de s’éloigner et de s’antagoniser. Que ce soit le transport, la logistique, les énergies renouvelables, la gestion de l’eau, de l’air, des crues, des déchets…, tout doit être réalisé de manière globale, à l’échelle régionale. Paris ne dispose pas d’une surface suffisante pour produire l’énergie qu’elle consomme…
C’est parce que la Région Capitale est unique, seule métropole française de taille mondiale, que nous devons y proposer des solutions différentes et novatrices, que nous devons à la fois refuser le déclinisme et placer l’environnement au centre de tous les sujets.
La région, oui ! Cet exemple montre à quel point la transition énergétique doit être pensée à travers des partenariats et que nous devons nous doter d’instances de gouvernance rassemblant à la fois Paris, la Métropole et les grands syndicats de déchets, d’énergie et d’assainissement, tout cela à l’échelle de la région. C’est seulement dans ce cadre global qu’un schéma de logistique bas carbone pourra émerger. La ville et les territoires environnants doivent se donner la main – comme cela a été fait au sein de nombreuses régions en Europe – car c’est dans ce cheminement commun que l’Ile de France et la France grandiront.
Faisons de l’Ile de France une région résiliente, changeons les usages, apaisons les disparités sociales, générationnelles et économiques, créons des partenariats ! Loin de ses inégalités et de ses fractures, de ses embouteillages et de ses distances, de ses incivilités et de ses jeux politiciens, œuvrons à renforcer notre Région capitale, redonnons aux Franciliens la fierté de l’habiter et de la développer.
Jean-Philippe Dugoin-Clément est vice-président de la région Ile-de-France, en charge de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Aménagement Urbain. Il est également maire de Mennecy.